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​Ajaccio : le sarcophage du Bon Pasteur fait peau neuve avant son retour à Saint-Jean


Patrice Paquier Lorenzi le Mercredi 19 Mars 2025 à 18:42

Après des années passées au Palais Lantivy, le sarcophage paléochrétien du Bon Pasteur, datant du IVᵉ siècle, entame une nouvelle étape de son histoire. Ce mardi 11 mars, il a été transféré pour une restauration pilotée par la Ville d’Ajaccio et la DRAC, avant d’être réinstallé sur son site d’origine.



La restauration du sarcophage du "Bon Pasteur" se déroule actuellement dans la Cour du Musée Fesch.
La restauration du sarcophage du "Bon Pasteur" se déroule actuellement dans la Cour du Musée Fesch.
Découvert en 1938 dans une propriété du quartier Saint-Jean, le sarcophage du « Bon Pasteur », un vestige en marbre sculpté en bas-relief, a été classé monument historique en 1939 avant d’être confié à la Société d’archéologie de Corse-du-Sud. Faute d’espace, il avait été entreposé dans les locaux de la préfecture, à l’époque où s’y trouvaient les archives départementales. Avec l’accord du préfet, la Ville d’Ajaccio a engagé les démarches pour son déplacement et sa restauration. Depuis le 12 mars, et jusqu’au 8 avril, une équipe de restauratrices spécialisées en conservation-restauration des œuvres sculptées procède à une intervention minutieuse.
Une phase de vérification et de consolidation avant un nettoyage de surface minutieux
 
Sous la supervision de Louise Rouillé et Lucie Antoine, restauratrices spécialisées en monuments historiques, le sarcophage fait l’objet d’une série d’interventions destinées à assurer sa stabilité et à restituer son aspect d’origine : « Notre travail consiste à lui redonner une cohérence esthétique, à vérifier sa structure et à le préparer pour son exposition à l’Antiquarium », expliquent-elles. La première étape a été d’examiner l’ensemble des anciens collages réalisés dans les années 1960. Ces interventions, encore solides, ne nécessitent pas de reprise, mais une attention particulière a été portée à la dalle massive sur laquelle le sarcophage avait été fixé. Ce socle, d’une vingtaine de centimètres d’épaisseur, doit être retiré avec des disqueuses, un travail de précision pour éviter d’endommager le marbre. « Nous avançons progressivement, en attaquant petit à petit le béton pour libérer la partie inférieure sans provoquer d’impacts sur la pierre », détaillent les restauratrices.

Une fois cette consolidation achevée, viendra l’étape du nettoyage de surface, tout aussi exigeante. Objectif : éliminer les dépôts accumulés au fil des décennies et redonner au sarcophage une homogénéité visuelle. Plusieurs techniques seront testées en fonction du niveau d’encrassement : eau, vapeur, micro-sablage ou compresses chimiques. « Nous devons adapter les méthodes au matériau pour obtenir un nettoyage efficace sans altérer les reliefs sculptés », précisent elles.


​Ajaccio : le sarcophage du Bon Pasteur fait peau neuve avant son retour à Saint-Jean
Exposé à l’Antiquarium de Saint-Jean à partir du 9 avril
Quatre-vingt sept ans après sa découverte, c’est donc une nouvelle page qui va s’écrire pour ce sarcophage avec le convention signée entre la Ville d’Ajaccio, la Direction des Affaire Culturelles de Corse (DRAC) et la Société archéologique de Corse du Sud, qui autorise le déplacement de ce vestige datant du IVe siècle et classé au titre des Monuments Historiques en 1939 pour qu’il soit désormais conservé et présente au public à l’Antiquarium de Saint-Jean d’ici trois semaines, pour le plus grand plaisir de Marie-Laure Mattei-Mosconi, directrice du Patrimoine de la Ville d’Ajaccio : « C’est très important car on parle quand même d’un des objets archéologiques les plus parlants retrouvé sur le site paléochrétien de l’espace Saint-Jean. Depuis 1960, il n’avait jamais été exposé aux yeux du public. Il fait l’objet d’études poussées dernièrement, car l’objectif est de rentrer leur Histoire aux Ajacciens. Nous sommes en train de le restaurer et de le consolider avant qu’il puisse retourner à son lieu d’origine à l’Antiquarium. Il sera accompagné d’écrans qui expliqueront son histoire, ainsi que de visites guidées et commentées par le biais du Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine, tous âges et tous publics, afin de mieux appréhender le site et pouvoir mieux comprendre la naissance de la Ville d’Ajaccio à Saint-Jean ».

Daniel Istria, archéologue, qui avait débuté les fouilles sur l’espace de Saint-Jean, se rendra d’ailleurs bientôt dans la cité impériale pour rendre ses dernières conclusions, tout comme celles de Vassiliki Gaggadis-Robin, spécialiste des sarcophages paléochrétiens au CNRS, et qui seront dévoilées lors des journées du Patrimoine en septembre prochain.