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Réduction des émissions et autonomie énergétique : les entreprises corses s’engagent


Léana Serve le Mercredi 19 Mars 2025 à 17:01

À bord du navire A Galeotta, plusieurs acteurs économiques insulaires ont présenté leurs stratégies pour réduire leur empreinte carbone. Un engagement qui s’inscrit dans une volonté plus large d’atteindre l’autonomie énergétique de la Corse d’ici 2050.



Réduire les émissions de CO₂, mieux maîtriser sa consommation d’énergie et intégrer les énergies renouvelables : plusieurs entreprises corses ont fait le choix de la décarbonation pour inscrire leur activité dans un modèle plus durable. Ce mercredi, à Bastia, dirigeants, experts et acteurs économiques se sont réunis à bord du navire A Galeotta, premier bateau de Corsica Linea propulsé au gaz naturel liquéfié (GNL), dans le cadre de l’événement Décarbon’Azzione. Organisée par Corsica Linea, EDF Corse et le Crédit Agricole de la Corse, cette rencontre a mis en lumière des solutions concrètes pour accélérer la transition énergétique sur l’île. Un défi qui, selon Jean-Pierre Guillou, directeur général du Crédit Agricole de la Corse, ne peut plus être ignoré : "Le réchauffement climatique n’est pas simplement un enjeu, c’est une question presque vitale. Il y a une véritable urgence, parce que le réchauffement climatique n’est pas devant nous, il est déjà présent." Pour intégrer ces nouvelles exigences, certaines entreprises ont dû revoir leur modèle en profondeur. Le Crédit Agricole de la Corse a ainsi réorienté son approche en interne : "En tant que banque très présente dans tous les territoires et au contact de toutes les populations, nous sommes en prise directe avec l’environnement et les acteurs qui le composent. Aujourd’hui, nous nous sommes engagés sur la route de la transition énergétique. Nous nous sommes réorganisés en interne avec une ambition de créer un métier orienté vers un côté sociétal et environnemental. Pour cela, il a fallu former des collaborateurs à ces nouveaux métiers, comme des conseillers spécialisés dans l’énergétique. Nous avons ensuite déployé un dispositif de communication, mais surtout des offres et des produits adaptés à nos différents types de clientèle, que ce soient des entreprises ou des particuliers, comme des agriculteurs."
 

Pour EDF Corse, la priorité est d’agir à la source en décarbonant la production d’électricité. Vincent de Rul, directeur régional d’EDF, met en avant le projet de la centrale du Ricanto à Ajaccio, qui remplacera une installation fonctionnant au fuel lourd par une infrastructure alimentée par un biocombustible, une transition qui permettra de "diviser par trois ou quatre la quantité d’émissions de carbone par rapport à la situation actuelle." Mais EDF mise aussi sur le développement des énergies renouvelables. "Pour décarboner la production, nous permettons l’insertion d’énergies renouvelables dans le système électrique et dans le mix énergétique", explique Vincent de Rul. "Nous travaillons avec des développeurs de projets photovoltaïques, et nous essayons de les accompagner dans leur insertion au sein du système électrique en Corse."  L’objectif est également de réduire la consommation globale d’énergie. "Consommer moins d’énergie, c’est réduire l’empreinte carbone, donc nous avons mis en place des solutions, en travaillant avec des partenaires industriels corses qui vont aider les logements à consommer moins d’énergie. L’objectif, c’est de mettre en place des actions pour l’ensemble des clients d’EDF, à la fois les particuliers mais aussi les entreprises ou les collectivités."

Corsica Linea : une transition progressive mais ambitieuse
Pour Corsica Linea, la décarbonation passe par une modernisation de sa flotte. Pierre-Antoine Villanova, directeur général de la compagnie maritime, défend une approche progressive mais déterminée. "Une entreprise qui a réussi sa transition environnementale aura beaucoup plus de valeur dans 15 ans." Dans cet objectif, deux navires au GNL ont été acquis, permettant une réduction de 20 % des émissions de CO₂. En parallèle, un traitement des fumées a été mis en place sur cinq bateaux, et plusieurs navires ont été électrifiés pour être alimentés à quai à Marseille, en attendant un développement similaire en Corse. Mais la compagnie voit plus loin et vise une baisse de 40 % de ses émissions d’ici 2030. "Le but de l’entreprise, c’est de devenir, d’ici cinq ans, la compagnie maritime la plus moderne de Méditerranée." Pour atteindre cet objectif, plusieurs leviers sont activés. "Pour réduire nos émissions de CO₂, il faut d’abord naviguer moins, ou naviguer moins vite, ce que nous faisons déjà, puisque nous partons plus tôt depuis trois ans. Nous essayons aussi de ne pas naviguer en étant peu remplis, afin d’optimiser les moments où nous allons générer du CO₂. Cela représente déjà 5 % de la réduction." D’autres améliorations suivront dans les années à venir. "15 % de la réduction d’émissions de CO₂ viendra de la performance énergétique des navires. La dernière partie concernera la mise en place des nouveaux carburants, comme le méthanol de synthèse, le GNL ou le bio GNL. Avec tous ces éléments, nous devrions atteindre 40 % de réduction des émissions de CO₂. Actuellement, nous avons déjà baissé d’une quinzaine de points." précise Antoine Villanova.