Initialement prévue pour la période 2021-2027 elle a été retardée de deux ans et n’entrera en vigueur qu’à partir du premier janvier 2023. La raison ? Le poids politique et économique de cette nouvelle réforme de la PAC engendre d’âpres négociations entre les Etats membres.
Mais pourquoi les orientations prises lors de ces pré-négociations effrayent-elles tant la FDSEA de Haute-Corse ? La diminution de moitié de l’enveloppe destinée aux aides couplées à la production et plus précisément aux Aides aux Bovins Allaitants (ABA) est en cause.
Mais pourquoi les orientations prises lors de ces pré-négociations effrayent-elles tant la FDSEA de Haute-Corse ? La diminution de moitié de l’enveloppe destinée aux aides couplées à la production et plus précisément aux Aides aux Bovins Allaitants (ABA) est en cause.
Une politique agricole qui boude le vêlage
Une baisse des aides directement versées aux agriculteurs qui représenterait une perte sèche d’environ 2 500 euros par exploitant et par an selon les calculs de la FDSEA de Haute-Corse. Rapporté aux 1 000 exploitations bovines que compte environ la Corse cela pourrait représenter 2,5 millions d’euros annuels qui ne seraient plus alloués à la filière bovine insulaire.
Au-delà de la perte financière c’est le message envoyé par ces orientations qui inquiète Joseph Colombani, président de la FDSEA de Haute-Corse : « d’un côté la nouvelle PAC veut baisser les ABA et de l’autre elle maintient le niveau des aides découplées à la production. Cette baisse encourage une transformation de la filière au dépit de la production et à l’avantage de la rente ! C’est contraire à la recherche d’autonomie alimentaire dont nous avons tant besoin ».
En effet, les aides découplées à la production tiennent compte de la surface d’exploitation indépendamment du volume de production. Ce qui veut dire qu’il sera plus intéressant pour un agriculteur de posséder un cheptel réduit sur une grande surface plutôt que d’augmenter son nombre d’animaux sur une surface identique. Cette réduction du cheptel pourrait entraîner de surcroît une augmentation des importations de viande bovine sur l’île. « Aujourd’hui nous importons déjà 80 % de la viande bovine consommée en Corse, cela ne fera qu’augmenter ce volume ! » déclare Joseph Colombani.
Au-delà de la perte financière c’est le message envoyé par ces orientations qui inquiète Joseph Colombani, président de la FDSEA de Haute-Corse : « d’un côté la nouvelle PAC veut baisser les ABA et de l’autre elle maintient le niveau des aides découplées à la production. Cette baisse encourage une transformation de la filière au dépit de la production et à l’avantage de la rente ! C’est contraire à la recherche d’autonomie alimentaire dont nous avons tant besoin ».
En effet, les aides découplées à la production tiennent compte de la surface d’exploitation indépendamment du volume de production. Ce qui veut dire qu’il sera plus intéressant pour un agriculteur de posséder un cheptel réduit sur une grande surface plutôt que d’augmenter son nombre d’animaux sur une surface identique. Cette réduction du cheptel pourrait entraîner de surcroît une augmentation des importations de viande bovine sur l’île. « Aujourd’hui nous importons déjà 80 % de la viande bovine consommée en Corse, cela ne fera qu’augmenter ce volume ! » déclare Joseph Colombani.
Du Green washing ou du Bovi bashing ?
« Les deux ! » répond sans hésiter Joseph Colombani. Cette nouvelle réforme de la PAC est orientée vers des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement notamment pour lutter contre le réchauffement climatique et la maltraitance animale. Elle s’appuie sur la diminution du coût carbone et du volume d’eau nécessaire pour produire un kilo de viande.
L’initiative paraît vertueuse mais pour Joseph Colombani « elle va à contresens de ce que nous faisons en Corse. Les chiffres avancés pour la production d’un kilo de viande sont internationaux et englobent les productions intensives. Ici nous sommes très loin de ce constat, bien au contraire, notre forme de production pastorale affiche un solde de production de carbone négatif. Nous n’importons que très peu de ressources fourragères puisque nos animaux trouvent leur nourriture dans la nature. De plus, la repousse entraînée par le broutage capte le carbone dans l’air. C’est un cercle vertueux, bien loin des exploitations intensives qui nourrissent leurs animaux avec des ressources fourragères telles que le soja, extrêmement voraces en termes de consommation d’eau et qui sont importées de l’autre bout du monde ».
Autre point qui fâche, les fonds retirés aux ABA seront redirigés vers l’aide à la production de protéines végétales. Une redirection qui devrait permettre de donner un coup de boost à la tendance du véganisme et des produits de substitution à la viande. Sauf que selon Joseph Colombani, en Corse comme dans le sud de l’Europe la tendance n’est que très faiblement suivie et que la consommation de viande est encore très importante, ancrée dans la tradition alimentaire.
« Sous couvert d’une demande sociétale de véganisme qui gagne du terrain dans certains pays scandinaves, c’est toute l’Europe qu’on pénalise en prenant pour cible les bovins, en généralisant, en les rendant responsables de tous les maux de cette planète. C’est ça le bovi bashing ! Non, les exploitations bovines ne sont pas toutes des usines comme dans certains pays scandinaves où la maltraitance animale est quotidienne, où on rentre dans des délires d’antibiotiques donnés aux animaux qui se retrouvent dans nos assiettes. Notre modèle de production pastorale de type HVN (Haute Valeur Naturelle) le prouve. On peut faire de l’élevage de bovin, consommer de la viande, sans pour autant faire de la maltraitance animale et participer au réchauffement climatique » précise Joseph Colombani.
L’initiative paraît vertueuse mais pour Joseph Colombani « elle va à contresens de ce que nous faisons en Corse. Les chiffres avancés pour la production d’un kilo de viande sont internationaux et englobent les productions intensives. Ici nous sommes très loin de ce constat, bien au contraire, notre forme de production pastorale affiche un solde de production de carbone négatif. Nous n’importons que très peu de ressources fourragères puisque nos animaux trouvent leur nourriture dans la nature. De plus, la repousse entraînée par le broutage capte le carbone dans l’air. C’est un cercle vertueux, bien loin des exploitations intensives qui nourrissent leurs animaux avec des ressources fourragères telles que le soja, extrêmement voraces en termes de consommation d’eau et qui sont importées de l’autre bout du monde ».
Autre point qui fâche, les fonds retirés aux ABA seront redirigés vers l’aide à la production de protéines végétales. Une redirection qui devrait permettre de donner un coup de boost à la tendance du véganisme et des produits de substitution à la viande. Sauf que selon Joseph Colombani, en Corse comme dans le sud de l’Europe la tendance n’est que très faiblement suivie et que la consommation de viande est encore très importante, ancrée dans la tradition alimentaire.
« Sous couvert d’une demande sociétale de véganisme qui gagne du terrain dans certains pays scandinaves, c’est toute l’Europe qu’on pénalise en prenant pour cible les bovins, en généralisant, en les rendant responsables de tous les maux de cette planète. C’est ça le bovi bashing ! Non, les exploitations bovines ne sont pas toutes des usines comme dans certains pays scandinaves où la maltraitance animale est quotidienne, où on rentre dans des délires d’antibiotiques donnés aux animaux qui se retrouvent dans nos assiettes. Notre modèle de production pastorale de type HVN (Haute Valeur Naturelle) le prouve. On peut faire de l’élevage de bovin, consommer de la viande, sans pour autant faire de la maltraitance animale et participer au réchauffement climatique » précise Joseph Colombani.
Une histoire de gros sous
Pour lui cela cache autre chose. Une histoire de gros sous et de lobbies internationaux qui chercheraient à mettre au tapis l’élevage bovin en Europe au profit d’autres pays super producteurs de viande, adeptes des feed lots. « C’est la troisième raison. Certes inavouée mais elle est bien réelle. En se cachant derrière un verdissement de la production européenne, la lutte contre le réchauffement climatique et la maltraitance animale, on ouvre grand les vannes à l’importation de viande venue du Canada et d’Amérique du Sud qui ne sont pas des références en la matière. Tout ça pour répondre à une logique d’argent dans le cadre des accords commerciaux du CETA et du MERCORSUR ».
À terme cela pourrait être un véritable coup de massue pour les éleveurs bovins européens. C’est en tout cas le constat macabre que fait Joseph Colombani en parlant d’une « suppression de la filière du bovin allaitant en France et notamment dans les zones de montagnes ».
À terme cela pourrait être un véritable coup de massue pour les éleveurs bovins européens. C’est en tout cas le constat macabre que fait Joseph Colombani en parlant d’une « suppression de la filière du bovin allaitant en France et notamment dans les zones de montagnes ».
Sortir du constat d’échec
Pour Joseph Colombani, une sortie de crise est possible. Elle passe tout d’abord par l’abandon de cette diminution des ABA mais pas que. « Garder l’enveloppe des aides intacte n’est pas la finalité mais la condition sine qua non pour sauver la filière. Oui elle a des problèmes mais des solutions existent. Il faut sortir de ce constat d’échec et structurer la filière » explique-t-il. Une structuration qui, selon lui, nécessite une vraie volonté politique.
Pour l’instant, cette nouvelle réforme de la PAC ne cause pas de remous en Corse, à l’inverse du continent où les agriculteurs dénoncent « une réforme inacceptable et d’une complexité sans nom », multipliant les blocages d’autoroutes à renforts de tracteurs et de dépôts de patates pourries.
Pour l’instant, cette nouvelle réforme de la PAC ne cause pas de remous en Corse, à l’inverse du continent où les agriculteurs dénoncent « une réforme inacceptable et d’une complexité sans nom », multipliant les blocages d’autoroutes à renforts de tracteurs et de dépôts de patates pourries.