Il est 7h30, vendredi matin. La pluie ruisselle sur la route sinueuse entre Bastia et Ajaccio. Mais ni le mauvais temps ni les obstacles sur la route n’empêchent Sylvie, Chantal, Jeanne et Babeth de partir. « Ce n’est pas simplement un trajet, c’est un pèlerinage. Ce n’est pas l’accès à la messe qui compte, c’est la démarche, la foi », explique Sylvie, déterminée. Alors qu’elles se lancent dans ce périple, la ville d’Ajaccio semble déjà les attendre, calme et silencieuse, préparant l'événement historique que représente la venue du Pape François.
Le voyage ne sera pas de tout repos. À 9h30, elles arrivent enfin à la gare de Corti après avoir dû contourner un barrage imprévu à Funtanò. « Rien n’est jamais simple, mais c’est aussi ça un pèlerinage, un chemin de foi, un chemin d’humilité », sourit Sylvie, dont les yeux pétillent d’une conviction sereine. À 11h30, elles arrivent à Ajaccio, prêtes à plonger dans l’effervescence silencieuse de la ville qui se prépare à accueillir son hôte papal.
Ajaccio en effervescence tranquille
À Ajaccio, l’effervescence est palpable mais sans précipitation. « On sent que tout est prêt, mais dans une sérénité étonnante », confie Sylvie. Les bénévoles, discrets mais efficaces, décorent la cathédrale, nettoient les rues, préparent la ville comme un temple en attente d’une grande visite. Tout autour d’elles, la ville semble suspendue à l’attente, comme si le Pape n’était pas encore là, mais déjà chez lui.
Dans la cathédrale, la crèche attire l'attention des sœurs, mais c’est un détail insolite qui capte leur regard : une statuette de Napoléon, trônant parmi les sapins décorés. « C’est drôle de voir Napoléon là, au milieu des santons. Cela montre bien à quel point l’histoire de l’île se mêle à la foi », remarque Sylvie. Pour elles, chaque détail est une connexion entre la foi corse et son histoire.
L’accès refusé à la messe papale : le pèlerinage d’un cœur dévoué
L’heure fatidique approche, et les sœurs se heurtent à un obstacle de taille : « L’accès à la messe est limité. Nous ne pouvons pas y assister », confie Sylvie, un brin déçue, mais toujours sereine. Le « sacré sésame » n’a pas été obtenu, mais cela ne les empêche pas de continuer leur démarche. « Ce n’est pas la place qui compte, mais l’intention. Nous viendrons avec notre cœur. Ce pèlerinage est avant tout spirituel », souligne-t-elle avec fermeté.
Décidées à vivre leur foi pleinement, elles se rendent à l’oratoire San Ruchellu, un lieu de prière emblématique de l’île. Là, le prieur Tony Biaggi les accueille, et l’atmosphère tranquille de l’oratoire les enveloppe. « C’est ici que nous nous sentons proches de Dieu, même sans l’accès à la messe. C’est ça, la vraie rencontre », affirme Sylvie.
L’île en attente de la bénédiction papale
La veille de la messe, Ajaccio vit un étrange silence. Les préparatifs sont presque terminés, et la ville semble attendre le grand événement sans agitation excessive. « Tout est en place, mais il y a comme une attente collective, comme un souffle retenu », observe Sylvie, absorbée par la magie du moment.
Les sœurs poursuivent leur pèlerinage, loin de l’effervescence des places Miot et Casone où la messe se déroulera. « Nous aurions aimé être là, au cœur de l’événement, mais pour nous, l’essentiel est ailleurs. Nous vivons ce moment dans la prière et la foi », conclut Sylvie avec une conviction profonde.