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"Très Saint Père, votre parole est attendue" : Nazione appelle le pape François à entendre la voix du peuple corse


VL le Mardi 10 Décembre 2024 à 13:04

À l’approche de la visite du pape François en Corse, prévue ce 15 décembre, le mouvement indépendantiste Nazione s’adresse solennellement au chef de l’Église catholique. Dans une lettre empreinte de gravité et de respect, il appelle le Souverain Pontife à faire entendre sa voix sur la condition du peuple corse, "en quête de reconnaissance et d’émancipation."



Photo d'illustration, archives
Photo d'illustration, archives
Le mouvement Nazione, figure centrale des revendications indépendantistes corses, a choisi d’interpeller directement le pape François, à l’approche de sa visite sur l’île. Dans une lettre riche en références historiques et spirituelles, les parti independentiste invite le pape François à exercer son autorité morale face à ce qu’il décrit comme une situation de « sujétion injuste » subie par le peuple corse. « Très Saint Père, ce triste tableau […] nous amène à vous solliciter, non pour une intervention politique, mais pour entendre la parole du pasteur sur le désordre qu’induirait la perpétuation de notre situation, tant en termes de droits universels que d’équilibre social et culturel », lit-on dans la lettre qui dénonce «  une longue histoire d’occupation et d’injustice » , évoquant « 250 ans de domination », depuis l’annexion de l’île par la France en 1769, qu’ils qualifient de « coloniale ».

Aujourd’hui encore, le mouvement accuse l’État français de refuser de reconnaître le peuple corse et son droit à l’autodétermination, évoquant notamment l’absence de statut officiel pour la langue corse, pourtant classée en danger par l’UNESCO.


Une invitation à défendre les droits des peuples
Loin d’être une simple revendication politique, l’appel du mouvement au pape s’inscrit dans une perspective "morale et spirituelle", loin d’une simple revendication politique. Le parti met en avant les valeurs portées par les encycliques papales, notamment Laudato Si’ et Fratelli Tutti, qui dénoncent respectivement « les nouvelles formes de colonisation culturelle » et appellent à inclure les « droits des peuples et des cultures » dans les enjeux contemporains. « Vos propres prises de position ont une résonance particulière au regard des préoccupations du peuple corse », souligne Nazione, en évoquant la doctrine sociale de l’Église et son rôle historique dans la défense des droits des peuples opprimés. « En Corse comme ailleurs, la parole du Saint-Siège compte », insiste le mouvement, espérant que la visite du pape puisse marquer un tournant pour l’avenir de l’île.

Un moment d’espoir pour la Corse
La lettre de Nazione évoque également le lien séculaire qui unit la Corse à l’Église catholique. Elle met en avant l’héritage chrétien de l’île, l’une des premières communautés organisées de la Chrétienté, et souligne l’importance de l’hymne national corse, Diu vi Salvi Regina, comme un symbole de ferveur spirituelle.
Pour le mouvement, ce lien profond confère une portée particulière à la visite papale. « Votre présence prochaine sur la terre de Corse est ressentie comme un grand honneur et un moment de profonde joie », écrivent les militants, tout en exprimant l’espoir que cette visite puisse marquer un tournant symbolique dans la quête de justice et de reconnaissance pour le peuple corse.

Le texte appelle enfin le Saint-Siège à faire entendre une parole capable d’éclairer l’avenir de l’île et de promouvoir une paix durable. « En terre corse, votre parole est attendue pour contribuer à une paix réelle, respectueuse de l’existence d’un peuple millénaire et résolument déterminé à vivre », conclut la lettre.

Si la visite de François s’inscrit officiellement dans un cadre pastoral, pour Nazione, elle représente bien plus : une occasion unique de mettre en lumière les aspirations d’un peuple qui se sent marginalisé. « En terre corse, votre parole est attendue pour contribuer à un avenir meilleur, où la dignité des peuples est pleinement reconnue », conclut la lettre.