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​A Ajaccio, la présence de requins dans l’aquarium du centre Leclerc crée la polémique


Cécile Orsoni le Mardi 9 Juillet 2024 à 11:58

L’association Global Earth Keeper alerte sur la présence de deux requins-zèbres dans l’aquarium de l’hypermarché Leclerc à Ajaccio. Selon les activistes, « aucun être vivant ne doit être retenu dans un espace réduit, hors de son habitat naturel. »



C’est une affaire qui remonte à 2017. A l’époque, le centre commercial Leclerc de Baleone est en construction et un message fuite sur le réseau social Facebook, annonçant la mise en place d’un aquarium à requins dans l’hypermarché ajaccien. Une information qui déclenche un tollé immédiat chez les défenseurs de la cause animale. Les membres de l’association Global Earth Keeper manifestent alors sur la Place du Diamant pour dénoncer ce projet. Les activistes mettent également en ligne une pétition qui recueille près de 28 000 signatures. Il y a quelques jours, Laurence Constantin, présidente de l’association, a vu ressurgir le dossier alors qu’une cliente du centre l’informe que deux requins-zèbres ont bien pris place dans l’aquarium en verre. « On espérait que le centre revienne sur sa décision, mais il n’en est rien », souffle-t-elle. « Ces requins sont retenus prisonniers dans un endroit exigu, non adapté à leur espèce. Ils sont faits pour vivre dans les eaux chaudes, profondes et chasser la nuit. Aucun être vivant ne peut vivre enfermé, je ne comprends même pas que l’on puisse en discuter. » se désole-t-elle. Et de poursuivre : « Ces requins-zèbres sont classés espèces en danger par l’Union internationale pour la conservation de la nature, car ils subissent une forte pression humaine. On les pêche pour utiliser leur peau, en faire de l’huile, ils sont amenés à disparaître… Il faut que la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) légifère sur la captation de ces animaux et qu’elle interdise leur prélèvement dans la nature. »



Faire avancer le dossier
D’un point de vue légal, l’association cherche à savoir « comment le centre a obtenu ces animaux, car il faut que l’établissement ait reçu des autorisations spéciales par arrêté préfectoral et soit déclaré comme un zoo. La réglementation est stricte, ces animaux doivent passer par des services vétérinaires et un document douanier doit permettre d’attester leur entrée sur le territoire. » Laurence Constantin poursuit et cite l’article L214 du Code rural et de la pêche maritime : « Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. »
Contactés par la rédaction, les responsables du centre Leclerc n’ont, pour l’heure, pas répondu à nos sollicitations. A l’époque, selon Laurence Constantin, les intéressés auraient justifié l’installation de cet aquarium dans un but « pédagogique », argument qu’elle réfute : « Cela ne tient pas debout. On se demande comment l’on peut étudier des animaux en les enfermant. Cela rappelle une triste époque où l’on faisait la même chose avec les êtres humains. » Pour faire avancer le dossier, Laurence Constantin et ses équipes ont préparé un courrier à destination du Préfet de Corse : « La suite viendra, nous allons contacter les douanes, le ministère de l’Agriculture, les services vétérinaires et tous les organismes qui ont leur mot à dire dans ce dossier. On va y aller étape par étape. » prévient-elle. En matière de protection animale, les lignes bougent. Le 24 juin dernier, le gouvernement a lancé le 3677, un numéro d'appel national pour signaler les maltraitances animales. À compter du 1er décembre 2028, les animaux sauvages seront interdits dans les cirques. « Alors, pourquoi autoriser leur détention dans un centre commercial ? » interpelle une dernière fois Laurence Constantin.