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164 élèves ont fait leur rentrée dans les locaux "repensés" l'IRA de Bastia


Andrea Petitjean le Jeudi 2 Janvier 2025 à 17:28

L’Institut Régional d’Administration (IRA) de Bastia a accueilli ce jeudi 2 janvier 2025 une promotion record de 164 élèves, un nombre jamais atteint depuis sa création. Gérard Clerissi, directeur de l’IRA, livre les grandes lignes des nouveautés et des changements qui façonnent cette rentrée.



Institut Régional d'Administration de Bastia (IRA).
Institut Régional d'Administration de Bastia (IRA).
. "Cette année, la grande nouveauté, c’est d’abord l’augmentation du nombre d’élèves, qui n’a jamais été aussi élevé historiquement parlant", explique le directeur de l'institut. "Nous en dénombrons 164, quasiment le double des promotions que vous avez connues ces cinq dernières années"  indique Gérard Clerissi.Cette forte hausse s'explique par le besoin urgent de renouveler les fonctionnaires, notamment ceux issus de la génération du baby-boom. Ces derniers, qui approchent de la retraite, laissent derrière eux un grand vide, nécessitant un recrutement massif. "L'État recrute massivement, et ce n'est pas un phénomène isolé. Les collectivités aussi, face à cette démographie vieillissante, cherchent à combler les départs à la retraite", poursuit-il.

Une formation qui évolue : vers plus de professionnalisation
Avec 101 femmes sur 164 élèves, la proportion féminine reste prépondérante, un phénomène qui perdure depuis plusieurs années à l’IRA de Bastia. L’afflux d’élèves a nécessité des travaux d’aménagement au sein de l’institut. "Nous avons eu quatre mois de travaux intensifs, particulièrement au rez-de-chaussée, pour agrandir et optimiser l’espace", souligne Gérard Clerissi. Les espaces ont été repensés pour offrir plus de confort aux élèves, notamment avec la création de nouveaux sites de formation, d’un espace de coworking et d’une cafétéria améliorée. "Nous avons optimisé l’outil de travail, et l’amphithéâtre est désormais plein. Il ne reste que quelques places", se félicite-t-il.

Une grande nouveauté de cette année concerne le mode de scolarité et la durée de la formation. En effet, la formation initiale des cadres de l’État passe de six à huit mois. "Ce changement s'explique par l'introduction d'un stage de six semaines dans le cycle de formation", précise Gérard Clerissi. Ce stage, qui permet aux élèves de se confronter à la réalité de l’administration, est désormais un pilier essentiel de la formation. "Nos élèves vont être immergés dans un véritable service administratif, que ce soit dans un rectorat, un service des impôts, ou encore un ministère", indique-t-il.

L’idée est de mettre en pratique ce qui a été enseigné durant les premiers mois de formation, avec une phase de débriefing qui permettra à chaque élève de personnaliser son apprentissage en fonction des lacunes qu'il aura identifiées pendant son stage. Selon Didier Grassi, directeur de la formation initiale, "le stage permet aux élèves de mettre en œuvre les compétences acquises pendant leur scolarité. Ce processus fait écho à des métiers comme ceux de gestionnaire dans les lycées et collèges, ainsi qu’aux fonctions juridiques, comptables et managériales.". Il insiste également sur un aspect important : la massification du recrutement. "Dans les cinq années à venir, nous risquons de recruter plus de 1000 élèves par promotion", annonce-t-il. "Cela témoigne d’un besoin urgent de renouveler les effectifs dans la fonction publique, particulièrement en raison des départs massifs liés à la retraite des générations du baby-boom." Mais il évoque également une problématique : la baisse de l’attractivité de la fonction publique. "Nous avons constaté une diminution du nombre de candidats aux concours, malgré une augmentation du nombre de postes. Cela pose des questions sur le niveau des candidats et sur la manière de maintenir une certaine qualité dans les promotions", souligne Didier Grassi. 

Cette année, l’IRA de Bastia a également intégré l’intelligence artificielle (IA) dans son programme, afin de préparer les futurs cadres de l’État à l'usage de ces outils en pleine expansion. "Nous avons décidé de sensibiliser nos élèves à l’intelligence artificielle, un domaine qui se diffuse de plus en plus dans l’administration", explique Gérard Clerissi. Si l’IA n’est encore qu’au début de sa démocratisation dans les services publics, l’objectif est d’éviter que les élèves soient dépassés par ces évolutions. "Sous l’initiative de Didier Grassi et de son équipe, nos élèves recevront une formation de base à l’utilisation de l’IA, en particulier des outils comme GPT, afin qu’ils soient prêts à les utiliser dans leur quotidien professionnel", précise-t-il. 

"Il y a encore cette image négative de la fonction publique."
Selon Gérard Clerissi, plusieurs facteurs expliquent la crise d’attractivité qui touche le secteur de la fonction publique. "Il y a encore cette image négative de la fonction publique, l’idée d’un emploi statique, figé, alors que ce n’est plus du tout le cas", remarque-t-il. "La mobilité géographique et fonctionnelle existe réellement, et c’est l’un des arguments que nous mettons en avant pour attirer les jeunes." Mais il pointe aussi la question des salaires : "La fonction publique n’est pas très attractive d’un point de vue rémunération, et ce phénomène ne fait que se creuser par rapport au secteur privé." Cette dégradation de l’attractivité soulève également la question de l'immigration comme solution potentielle. "L'immigration a toujours été une réponse aux manques de main-d'œuvre. Si demain nous voulons combler ce manque, il faudra peut-être revoir notre politique migratoire", conclut-il.

La rentrée à l’IRA de Bastia s’inscrit donc dans un contexte de transformation profonde. L’objectif est clair : adapter la formation des cadres de la fonction publique aux enjeux actuels, tout en répondant aux défis démographiques et aux évolutions technologiques à venir.