Corse Net Infos - Pure player corse

À Cannes, le cinéma corse brille parmi les étoiles


Rose Casado le Vendredi 17 Mai 2024 à 10:46

Du 14 au 25 mai, la Croisette vit au rythme de la 77e édition du Festival de Cannes. Et cette année, ce ne sont pas moins de trois films corses qui ont été sélectionnés pour participer à ce moment fort du cinéma. Une grande fierté pour la Collectivité de Corse qui a participé au financement de deux d’entre eux. Ce jeudi 16 mai, elle organisait d’ailleurs une cérémonie en l’honneur des équipes insulaires représentées lors de cet événement à la renommée mondiale. Fière des talents du territoire, Antonia Luciani, la conseillère exécutive en charge de la culture, de l’éducation et de la formation souhaite faire la lumière sur les acteurs du septième art originaires de Corse, comme elle l’explique à CNI.



Un de réalisateurs corses, Thierry de Peretti (au centre de la photo) avec Antonia Luciani, la conseillère exécutive en charge de la culture, de l’éducation et de la formation, la présidente de l'Assemblée de Corse Nanette Maupertuis
Un de réalisateurs corses, Thierry de Peretti (au centre de la photo) avec Antonia Luciani, la conseillère exécutive en charge de la culture, de l’éducation et de la formation, la présidente de l'Assemblée de Corse Nanette Maupertuis
- La Corse est fortement représentée cette année au festival de Cannes. Autant de films de réalisateurs insulaires retenus dans les sélections officielles est-ce évènement majeur ?
-  Oui, il s’agit d’un événement majeur. C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité une cérémonie en l’honneur des réalisateurs, des producteurs et de l’ensemble des équipes corses qui sont présentes à Cannes. C’est aussi pour nous l’occasion de mettre en lumière une politique publique autour de l’audiovisuel et du cinéma, qui a démarré il y a une vingtaine d’années, par un investissement qui s’est fait de manière progressive mais toujours constante. Une manière de faire en sorte que la filière se structure. Pour nous, c’était une façon de mettre en lumière ces films sélectionnés et présentés dans le cadre du Festival de Cannes, ce qui est, de fait, une forme de reconnaissance vis-à-vis de leur talent, de leur travail. C’est aussi le moment pour retracer un parcours d’une des filières les plus structurées en Corse. Et pour cause, elle a, depuis quelques années, une renommée internationale.

- Cette cérémonie est-elle justement l’occasion de mettre en avant la vitalité de ce secteur ?
- Ce que nous souhaitons montrer, c’est que, depuis plus de deux décennies, il s’agit d’une filière qui s’est fortement professionnalisée. Aujourd’hui, le chiffre d’affaires généré par la trentaine de sociétés de production présente sur l’île, est d’environ 20 millions d’euros par an. Il y a environs 200 salariés, et de nombreux intermittents. Il est question de montrer qu’il y a une filière dynamique, professionnalisante, permettant à des jeunes de se projeter dans ces milieux-là. Nous espérons montrer que la Collectivité de Corse investi de manière importante à travers un fonds d’aide à l’audiovisuel avec un budget alloué d’environ quatre millions d’euros. Ce fonds est également alimenté par le Centre National du Cinéma (CNC): tous les deux euros versés par la Collectivité de Corse entraine un euro d’investissement de leur part. Ainsi, chaque année, nous avons environ un million d’euros qui vient du CNC en complément de ce que verse la Collectivité de Corse.

- La Corse est-elle devenue une véritable terre de tournages aujourd'hui ?
- Aujourd’hui, nous pouvons considérer que la Corse est une terre de tournages, grâce à un travail de restructuration et d’accueil, notamment avec le Corsica Pôle Tournage. Il s’agit d’une référence, qui joue le rôle d’interlocuteur pour toutes les sociétés qui souhaiteraient venir tourner en Corse. Suite à la reprise, après la période Covid, nous avons eu une année 2023 très faste. Au total, il y a eu 1 300 jours de tournage sur l’île. L’ensemble des retombées économiques pour les films de fiction, les séries ou encore les longs métrages, est estimé à environ 14 millions d’euros pour la seule année 2023. Mais avant tout, ce qui nous intéresse, c’est de montrer que la Corse est une terre de culture, de création. Dans  Le royaume, de Julien Colonna, et À son image, de Thierry de Peretti, les réalisateurs traitent de thèmes liés à l’histoire de la Corse, à des thématiques sociales, historiques, politiques qui ont traversé la société corse. C’est une manière de réinterroger cette histoire, parfois tourmentée et violente. Il y a un besoin de leur regard, pour dire des choses de la société corse. C’est ce que nous essayons d’impulser à travers notre politique.

- Quels sont les critères pour bénéficier de l’aide de la Collectivité de Corse ?
-
Le comité audiovisuel se réuni plusieurs fois par an afin d’analyser tous les dossiers déposés par les équipes corses. Nous essayons d’avoir un équilibre entre les sujets traités, les thématiques. Une aide est apportée principalement aux films dont le tournage a lieu majoritairement sur l'île. D’ailleurs, nous travaillons à l’élaboration d’une structure de tournage en intérieur avec l’Agence de Développement Économique de la Corse (Adec) pour aller vers des tournages intégralement menés sur place. Il est également préférable que les scénarios aient un lien avec nos diffuseurs, qui ont un rôle très important. Sans eux, la filière audiovisuelle ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.

- Vous parlez de « valoriser la qualité des conditions d’accueil des tournages en Corse », qu’entendez-vous par là ?
- Nous voulons que les conditions d’accueil soient les meilleures possibles. Il s’agit d’être capable de mettre en place des transports viables, une logistique adéquate. Le Corsica Pôle Tournages aide beaucoup. Nous mettons à disposition un fichier à jour, avec l’ensemble des techniciens, des acteurs potentiels qui pourraient être présents dans les films. Nous professionnalisons de jeunes corses. Le but est donc que les sociétés de production ne viennent pas avec l’ensemble de leurs équipes. Cela fait partie des critères d’améliorations des conditions d’accueil des tournages en Corse.

- La politique mise en place en faveur de l’audiovisuel porte-t-elle ses fruits aujourd’hui ?
- Tout à fait. C’est ce que nous souhaitons faire vivre et faire connaitre à travers cette cérémonie. Mais nous désirons aller plus loin sur un certain nombre de domaines. Avec l’Adec, nous lancerons prochainement un appel à projet spécifique sur l’audiovisuel. Cela aura pour but d’aider les sociétés de production et les réalisateurs. Nous travaillons également à la création d’un BTS (Brevet de Technicien Supérieur) audiovisuel au lycée Giocante de Casabianca. Il devrait voir le jour en 2025. À l’heure où nous élaborons une refonte de notre règlement d’aides et de notre stratégie culturelle, la question de l’audiovisuel et du cinéma fait partie des secteurs à consolider à l’avenir.

Crédit photo Collectivité de Corse
Crédit photo Collectivité de Corse