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Aiacciu : la vieille ville devient piétonne pour « retrouver l’âme ajaccienne »


le Mercredi 21 Juin 2023 à 20:45

La ville d'Ajaccio a lancé ce mercredi son expérimentation de piétonnisation des rues Bonaparte, Roi de Rome, Notre-Dame, Zevaco Maire et Pozzo di Borgo. Mis en place tous les jours entre 11 heures et 2 heures, ce dispositif vise à apporter plus de quiétude et de sécurité au centre ancien



L'expérimentation de la piétonnisation de cinq rues de la vieille ville a été lancée ce mercredi (Photo : Michel Luccioni)
L'expérimentation de la piétonnisation de cinq rues de la vieille ville a été lancée ce mercredi (Photo : Michel Luccioni)
Pour la première fois ce mercredi ni voiture ni scooter ne sont venus interrompre la déambulation des quelques badauds résistants à la chaleur écrasante de ville génoise. Car cette fois ça y est : la ville d’Ajaccio a lancé son expérimentation de piétonnisation de cinq rues du cœur ancien. Jusqu’au 17 septembre, il est de facto désormais impossible de circuler à bord d’un véhicule à moteur (sauf dans le cas de quelques dérogations) dans les rues Bonaparte, Roi de Rome, Notre-Dame, Zevaco Maire et Pozzo di Borgo entre 11 heures et 2 heures du matin. La concrétisation d’un projet attendu de longue date. « On parle de la piétonnisation de ces rues depuis 40 ou 50 ans. Ce n’est pas quelque chose de nouveau », rappelle Alexandre Farina, le premier adjoint. 
 
Afin de faciliter la transition et d’aider les riverains à s’acclimater à cette nouvelle donne, à l’entrée de l’aire concernée, des agents municipaux seront présents tout au long des plages horaires de fermeture à la circulation. « Nous sommes sur un processus d’expérimentation et ces personnes briefées seront sur place pour accompagner les gens dans leur quotidien pour ne trop mouvementer leur activité », indique l’élu en appuyant sur le fait que le but n'est pas de « bunkériser » la zone. « L’ouverture jusqu’à 11 heures permet aux commerces de recevoir des livraisons ou aux personnes de pouvoir aller faire leurs courses », pose Alexandre Farina en notant aussi que les personnes âgées ou à mobilité réduite pourront continuer à accéder aux rues en voiture lors des périodes piétonnes. 

" Retrouver un peu l’Ajaccio d’avant "

Pour le premier adjoint, Alexandre Farina, la piétonnisation de la vieille ville permettra de "retrouver l'âme ajaccienne" (Photo : Michel Luccioni)
Pour le premier adjoint, Alexandre Farina, la piétonnisation de la vieille ville permettra de "retrouver l'âme ajaccienne" (Photo : Michel Luccioni)
« Le maitre-mot est avant tout de restituer le domaine public aux Ajacciens », reprend-il par ailleurs, « Ce que nous voulons c’est retrouver un peu l’Ajaccio d’avant, c’est-à-dire pouvoir déambuler, rencontrer des gens, échanger avec eux. En somme, retrouver cette âme ajaccienne. Nous avons huit monuments classés dans ces rues, que même les Ajacciens souvent ne les connaissent pas tous. Nous allons pouvoir redécouvrir nos pieds de façade, notre architecture qui est intéressante ». 
 
Au-delà de l’aspect patrimonial, pour la mairie d’Ajaccio l’intérêt de l’opération tient aussi en une sécurisation la zone. « Nous sommes allés voir tous les commerçants et nous avons fait tracer pour la première fois les emprises maximales de leurs estrades autorisées attenantes à leurs façades. Nous avons travaillé avec le SDIS pour privatiser une bande roulante des trois mètres où personne n’a le droit de déborder pour que la grande échelle, le plus gros camion des pompiers, puisse passer », explique Alexandre Farina.  « Aujourd’hui on voit que dans ces rues il n’y a pas une terrasse qui dépasse. C’est une satisfaction car ce n’était plus le cas depuis des années », se réjouit-il. 

Lever les craintes des riverains et commerçants

(Photo : Michel Luccioni)
(Photo : Michel Luccioni)
Si le projet de piétonnisation n’a pas provoqué de grosse réticence lors de son annonce aux commerçants et riverains, il a tout de même suscité quelques inquiétudes ces derniers mois. Des points d’ombre que le premier adjoint tente toujours de lever, notamment en ce qui concerne la suppression d’une quarantaine de places de stationnement dans les cinq rues concernées. « Nous avons travaillé durant un an sur le secteur pour repérer les véhicules et le chiffre négatif est plutôt de -20 places car nous avons identifié beaucoup de voitures ventouses, et beaucoup de voitures de commerçants qui restaient là à l’année », relève-t-il en appuyant : « Les places libres pour les Ajacciens dans ces rues étaient donc très limitées. Et en parallèle, nous récupérons l’emprise de la Miséricorde où 300 places de stationnement seront disponibles dès le mois de juillet. Certes ce n’est pas les gens de la vieille ville qui vont aller se garer là-haut, mais tous ce qui veulent rentrer en ville pourront se servir de cet équipement et être devant la préfecture en 5 minutes, grâce au système de navettes que nous allons mettre en place. Le parking coutera 4 euros la journée, prix dans lequel le service de navettes sera comprisC’est l’un des taux les plus bas de FranceNous allons en outre essayer de faire une poche de stationnement sur la place Miot cet été afin de capter les flux qui arrivent de la route des Sanguinaires ».
 
Autre point d’inquiétude des riverains, la crainte de soirées bruyantes qui n’en finissent pas, et de voir certains commerçants s’étendre sur le domaine public. « Nous avons donc travaillé avec les commerçants depuis septembre sur un cadre, avec une charte. Nous avons mis dans la boucle des réunions avec les commerçants, les services de la police municipale et de la Direction Départementale de la Sécurité Publique qui leur ont rappelé les sanctions encourues. Les nuisances sonores ou occupations anarchiques seront sanctionnés immédiatement », assure Alexandre Farina en soutenant : « Ce qui nous intéresse c’est la quiétude des rues et le bien vivre des riverains ».

Un retour d'expérience à la rentrée

(Photo Michel Luccioni)
(Photo Michel Luccioni)
Après un été placé sous le signe de la mobilité douce, viendra ensuite le temps du retour d’expérience  à la rentrée de septembre. « Nous dresserons alors un bilan. Il y aura des choses à corriger car on ne fait rien parfaitement du premier coup. Le but est ensuite d’entamer une phase de travaux », dévoile le premier adjoint en précisant que la SPL Ametarra travaille d’ores et déjà sur ce projet. « Nous voulons faire une réfection totale des rues Bonaparte et Roi de Rome afin de retrouver le pavé originel que l’on peut voir sur les anciennes photos d’Ajaccio et qui ouvre à la citadelle ». 
 
En attendant, en lançant cette expérimentation en ce jour de solstice d’été et de la fête de la musique propice à la liesse populaire à l’occasion, la ville aspire aussi à montrer que le cœur historique peut aussi devenir plus festif grâce à la piétonnisation.