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Bastia : un collectif citoyen veut attaquer le PLU en justice


Léana Serve le Jeudi 30 Janvier 2025 à 08:26

Ce mercredi 29 janvier, un collectif citoyen, mené par Frédéric Poletti, s’est réuni pour une conférence de presse sur la place du Donjon à Bastia. Il dénonce le Plan Local d’Urbanisme proposé par la ville de Bastia, qu’il juge “truffé d’incohérences”, et annonce qu’il va l’attaquer au tribunal administratif.



Le Plan Local d’Urbanisme de Bastia, actuellement soumis à enquête publique jusqu’au 21 février, suscite de vives oppositions. Ce mercredi 29 janvier, un collectif citoyen s’est réuni place du Donjon pour dénoncer un document qu’il juge “catastrophique” pour l’avenir de la ville "tant sur le point urbanistique que sur le point économique”  et annoncer un recours en justice.

Présent également “en soutien” : le collectif de citoyens du quartier du Fango, qui avait déjà manifesté son opposition au PLU lors d’une conférence de presse sur la place Saint-Nicolas le 18 janvier dernier.


Les espaces stratégiques agricoles

Au cœur des critiques : l’impact du PLU sur les espaces stratégiques agricoles (ESA). “Le plan consomme 52 % des 110 hectares, principalement dans les secteurs de Pastoreccia, Labretto et Subigna, fixés par le PADDUC, alors que le tribunal administratif avait estimé qu’un seuil de 15 % pouvait être acceptable à Ajaccio”, consomme 52 % des 110 hectares d’ESA fixés par le PADDUC”. affirme Frédéric Poletti, fondateur du collectif et opposants à la municipalité. Les zones concernées se situent principalement à Pastoreccia, Labretto et Subigna.

Selon lui, cette urbanisation met en péril l’économie locale. “Le président de la Communauté d’Agglomération de Bastia (CAB) a lui-même souligné que ce PLU méconnaît les besoins en développement économique et menace des secteurs comme l’industrie, l’artisanat et la logistique.”

Frédéric Poletti dénonce aussi “la compensation qui est offerte pour pouvoir justifier de consommer ces ESA”. Il considère “qu’il n’y a pas eu d’enquête terrain pour vérifier la compatibilité de ces zones avec les caractéristiques ESA du PADDUC”. Selon lui, “il suffit de regarder la pente des zones agricoles du PLU pour vérifier que la plupart sont localisées sur des terrains dont la pente excède les 15 % fixés par le PADDUC, et qui ne permettent donc pas d’accueillir l’agriculture”.


“Deux avis différents de la Communauté d'Agglomération de Bastia”

Le collectif soulève également des interrogations sur la procédure d’enquête publique. Frédéric Poletti rappelle que, dans son avis initial, le président de la Communauté d'Agglomération de Bastia (CAB) estimait que le PLU “méconnaît totalement les besoins en développement économique de la ville, met en péril l’activité productive, y compris artisanale, et ignore les enjeux de la densification commerciale, avec des risques, à terme, pour l’industrie, l’artisanat, l’entreposage et la logistique.”

Pourtant, il note une différence entre cet avis et celui figurant dans le registre numérique de l’enquête publique. “J’ai été destinataire d’un avis défavorable du président de la CAB, daté du 17 juillet 2024. Mais en consultant le registre, j’ai constaté qu’un autre avis, daté du même jour, était passé de 29 à 2 pages et devenait favorable sous réserve.”

Le collectif assure qu’il “posera la question au commissaire enquêteur”. “Il y a sans doute eu une erreur de manipulation, mais la CAB ne peut pas se fendre d’un avis qui fait seulement deux pages, car je rappelle qu’une enquête publique est là pour informer, et manifestement, ici, on n’informe pas la population.”


“Aucun intérêt électoraliste”

À l’approche des élections municipales, cette mobilisation contre le PLU pourrait-elle être perçue comme une manœuvre pour capter l’attention de l’électorat bastiais ? Frédéric Poletti rejette catégoriquement cette hypothèse. “Il n’y a aucun intérêt électoraliste !” affirme-t-il avec fermeté.

Selon lui, s’emparer d’un sujet structurant comme l’urbanisme est, par essence, un acte politique, mais cela ne signifie pas qu’il y ait une visée électorale derrière cette contestation. “S’intéresser aux grandes orientations d’aménagement de notre cité, comme le PLU, c’est évidemment un engagement politique, mais cela ne doit pas être confondu avec une démarche électoraliste”, insiste-t-il. Il rappelle que l’élaboration du PLU ne date pas d’hier et que le calendrier actuel n’a pas été choisi par le collectif. “Ce document est en gestation depuis 2016. Si la municipalité sortante a décidé de le publier à un an des élections, ce n’est pas de notre fait.”

Son engagement, précise-t-il, relève avant tout d’une volonté citoyenne de peser sur les décisions qui façonneront l’avenir de Bastia. “Créer un collectif, c’est un choix politique dans le sens noble du terme : celui de défendre l’intérêt général et de faire avancer les choses dans le bon sens.”

Frédéric Poletti annonce qu’il va “attaquer le PLU au tribunal administratif”. “Vu l’indigence, tant d’un point de vue économique que sur les développements de notre ville, et en matière d’équipement structurant, il nous semble important d’empêcher ce PLU qui ouvre l’urbanisation des zones où il était censé y avoir des espaces stratégiques.”