Le chateau de Stopielle, sur les hauteurs de Centuri, l'archétype de la maison d'Américain. Crédit photo Christian Andreani.
« Battez-vous ! Faites tout ce qu’il est possible de faire ! Vendez la mairie, l’école et tous les terrains communaux que vous pouvez … ! Levez des fonds ! Lancez une souscription dans le journal ! Sollicitez les mécènes ! Essayez de sauver ce château ! ». Ce cri du cœur de Michel-Edouard Nigaglioni, directeur du patrimoine de la ville de Bastia, dans une lettre adressée au maire de Centuri, David Brugioni, résume, à lui seul, l’importance du château Stopielle dans le patrimoine du Cap Corse, et par là-même dans le patrimoine insulaire. Pour cet expert du patrimoine et des fameuses « maisons d’Américains », spécialités du Cap Corse, ce château, construit entre 1860 et 1885 sur la commune de Centuri, est « l’archétype même de la maison d’Américains. Il peut y avoir des maisons plus monumentales, d’autres peuvent contenir des œuvres plus exceptionnelles, mais d’un point de vue iconographique, c’est la maison la plus intéressante… Je peux vous assurer que s’il n’y avait qu’une seule Maison d’Américain à transmettre aux générations futures, il faudrait que ce soit le château Stoppielle ! ».
Une saga familiale
Ce combat, c’est, d’abord, Elisabeth Martegoute, la descendante de la famille Marcantoni – De Pietri, qui l’a livré toute seule pendant dix ans, avant de rallier à sa cause, en 2015, le maire de Centuri, David Brugioni, puis le directeur du patrimoine bastiais, et enfin, à l’automne dernier, l’Exécutif de la Collectivité territoriale de Corse (CTC). Un combat pour sauver un pan d’une histoire familiale qui épouse, dans un Cap Corse ouvert sur le monde, une mythique histoire collective. Comme tant d’autres Cap-corsins du 18ème et 19ème siècles, l’ancêtre Ange Marcantoni part du hameau de Cannelle pour faire fortune à Porto-Rico dans la canne à sucre, le café et les chemins de fer. Il contribue à fonder la ville de Patillas, où il fait souche en épousant une Créole. Son fils, Giovanni Battista, revient, tradition oblige, au village pour acheter un domaine et construire une grande maison dans lequel son père entend finir ses jours, mais ce dernier meurt avant de revoir sa terre natale. « Son fils reste à Centuri, épouse une Pietri qui lui donne six filles. Sa mort prématurée à 47 ans laisse sa famille désorientée. Ses filles, n’ayant jamais travaillé, tentent de maintenir le château à flot, aidées par les gens du village. Mais la fortune périclite et sombre, comme celle de beaucoup d’autres Corses américains, dans les emprunts russes qui n’ont jamais été remboursés. Seules deux filles, Aurora et Lolita, passeront leur vie au château », raconte Elisabeth Martegoute.
Une saga familiale
Ce combat, c’est, d’abord, Elisabeth Martegoute, la descendante de la famille Marcantoni – De Pietri, qui l’a livré toute seule pendant dix ans, avant de rallier à sa cause, en 2015, le maire de Centuri, David Brugioni, puis le directeur du patrimoine bastiais, et enfin, à l’automne dernier, l’Exécutif de la Collectivité territoriale de Corse (CTC). Un combat pour sauver un pan d’une histoire familiale qui épouse, dans un Cap Corse ouvert sur le monde, une mythique histoire collective. Comme tant d’autres Cap-corsins du 18ème et 19ème siècles, l’ancêtre Ange Marcantoni part du hameau de Cannelle pour faire fortune à Porto-Rico dans la canne à sucre, le café et les chemins de fer. Il contribue à fonder la ville de Patillas, où il fait souche en épousant une Créole. Son fils, Giovanni Battista, revient, tradition oblige, au village pour acheter un domaine et construire une grande maison dans lequel son père entend finir ses jours, mais ce dernier meurt avant de revoir sa terre natale. « Son fils reste à Centuri, épouse une Pietri qui lui donne six filles. Sa mort prématurée à 47 ans laisse sa famille désorientée. Ses filles, n’ayant jamais travaillé, tentent de maintenir le château à flot, aidées par les gens du village. Mais la fortune périclite et sombre, comme celle de beaucoup d’autres Corses américains, dans les emprunts russes qui n’ont jamais été remboursés. Seules deux filles, Aurora et Lolita, passeront leur vie au château », raconte Elisabeth Martegoute.
La ronde des acquéreurs
Revenue en 2005 s’installer sur le domaine dans les dépendances que son père lui a léguées et qu’elle a retapées, l’arrière-arrière petite-fille de Giovanni-Battista espère réussir à conserver le château dans le giron familial. Mais, à la mort de son père en 2009, les autres copropriétaires, son frère et ses six cousins voulant vendre, elle doit s’y résigner, mais forme le vœu que le domaine soit intégré au patrimoine corse et racheté par la commune, le département ou la région. En vain ! Commence alors la ronde des acquéreurs potentiels qui, tous, finissent, pour une raison ou une autre, par abdiquer. « Parmi eux, il y avait des gens très sympathiques qui avaient compris ce que représentait ce château et qui voulaient, comme moi, sauvegarder ce patrimoine, cette histoire », précise-t-elle. Puis, un espoir se lève en 2015 où son vœu rencontre un fort écho chez le nouveau maire de Centuri. « Dès que nous avons su que le château était en vente, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose. On en a parlé autour de nous, notamment, en novembre 2015, à Jean-Félix Acquaviva qui a même visité le château. Mais, c’était juste avant les élections territoriales, il ne pouvait pas faire grand chose ! Quand les Nationalistes sont arrivés au pouvoir à la CTC, nous avons voulu saisir l’Office foncier, mais il était encore en phase d’installation », indique David Brugioni.
Un comportement procédurier
C’est finalement lorsqu’un nouvel acquéreur, venu de Paris, se présente et fait pression pour acheter le domaine que les choses se précipitent. « Ils ne sont venus qu’une fois visiter le château et l’ont aimé. Mais qui n’aime pas ce château ? Ils ont vite adopté une attitude dictatoriale, procédurière, ordonnant beaucoup de choses, exigeant des réparations alors que le prix, qui avait fortement diminué, était déjà très bas, à peine un million d’euros. Nous n’avons pas voulu ! Nous avons refusé, par deux fois, de signer un compromis de vente. La troisième fois, mes cousins ont accepté », relate Elisabeth Martegoute. En septembre, elle organise, avec Michel-Edouard Nigaglioni une conférence sur le château qui attire du monde. « Ces gens-là voulaient venir signer une promesse de vente, le lendemain. Je leur ai dit : Ne venez pas ! Nous ne signerons pas ! Ils sont venus à la conférence et m’ont dit qu’ils avaient déposé 5% du montant de la vente, alors qu’aucune promesse n’était signée ! ». L’affaire tourne vite au vinaigre. « J’ai pensé que mon frère et moi, qui sommes largement majoritaires, refusant de signer, l’affaire allait s’arrêter là. Mais, un mois après, nous recevions, tous, une visite d’huissier et une mise en demeure ».
Revenue en 2005 s’installer sur le domaine dans les dépendances que son père lui a léguées et qu’elle a retapées, l’arrière-arrière petite-fille de Giovanni-Battista espère réussir à conserver le château dans le giron familial. Mais, à la mort de son père en 2009, les autres copropriétaires, son frère et ses six cousins voulant vendre, elle doit s’y résigner, mais forme le vœu que le domaine soit intégré au patrimoine corse et racheté par la commune, le département ou la région. En vain ! Commence alors la ronde des acquéreurs potentiels qui, tous, finissent, pour une raison ou une autre, par abdiquer. « Parmi eux, il y avait des gens très sympathiques qui avaient compris ce que représentait ce château et qui voulaient, comme moi, sauvegarder ce patrimoine, cette histoire », précise-t-elle. Puis, un espoir se lève en 2015 où son vœu rencontre un fort écho chez le nouveau maire de Centuri. « Dès que nous avons su que le château était en vente, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose. On en a parlé autour de nous, notamment, en novembre 2015, à Jean-Félix Acquaviva qui a même visité le château. Mais, c’était juste avant les élections territoriales, il ne pouvait pas faire grand chose ! Quand les Nationalistes sont arrivés au pouvoir à la CTC, nous avons voulu saisir l’Office foncier, mais il était encore en phase d’installation », indique David Brugioni.
Un comportement procédurier
C’est finalement lorsqu’un nouvel acquéreur, venu de Paris, se présente et fait pression pour acheter le domaine que les choses se précipitent. « Ils ne sont venus qu’une fois visiter le château et l’ont aimé. Mais qui n’aime pas ce château ? Ils ont vite adopté une attitude dictatoriale, procédurière, ordonnant beaucoup de choses, exigeant des réparations alors que le prix, qui avait fortement diminué, était déjà très bas, à peine un million d’euros. Nous n’avons pas voulu ! Nous avons refusé, par deux fois, de signer un compromis de vente. La troisième fois, mes cousins ont accepté », relate Elisabeth Martegoute. En septembre, elle organise, avec Michel-Edouard Nigaglioni une conférence sur le château qui attire du monde. « Ces gens-là voulaient venir signer une promesse de vente, le lendemain. Je leur ai dit : Ne venez pas ! Nous ne signerons pas ! Ils sont venus à la conférence et m’ont dit qu’ils avaient déposé 5% du montant de la vente, alors qu’aucune promesse n’était signée ! ». L’affaire tourne vite au vinaigre. « J’ai pensé que mon frère et moi, qui sommes largement majoritaires, refusant de signer, l’affaire allait s’arrêter là. Mais, un mois après, nous recevions, tous, une visite d’huissier et une mise en demeure ».
Une perte irréparable
Elisabeth Martegoute tente de résister et de bloquer le processus, mais, assignée devant le tribunal, finit par céder tout en alertant le maire de Centuri. « Nous ne pouvions pas laisser partir un morceau de patrimoine dans ces conditions-là, avec un huissier et une mise en demeure pour signer un compromis de vente. Ce n’était pas possible ! », lance David Brugioni. Seule, la commune a le droit de préemption, mais, faute de moyens financiers suffisants pour effectuer une telle acquisition, il fait appel au président du Conseil exécutif territorial pour trouver une solution. « Le 19 septembre, j’ai envoyé un SMS à Gilles Simeoni pour lui expliquer que la propriétaire tentait de bloquer la vente, mais se heurtait à une armada d’huissier et d’avocats. J’ai, ensuite, demandé à Michel-Edouard Nigaglioni, de me fournir un argumentaire grâce auquel j’ai pu convaincre Jean-Christophe Angelini, le président de l’Office foncier, d’agir rapidement ». Le plaidoyer détaillé de Michel-Edouard Nigaglioni, appuyé par son collègue de la CTC, Pierre-Jean Campocasso, fait son effet. Il conclut sur la nécessité : « de sauver le château d’un péril imminent. Si la vente projetée se réalise, le bâtiment perdra ses meubles, ses objets d’art, ses tableaux, ses portraits de famille… Il sera privatisé par une famille qui n’a aucun lien de sang avec l’île… Avec la perte de son mobilier, le château perdra son âme, son histoire, sa charge émotionnelle… et les enfants de la commune seront irrémédiablement dépouillés du pan le plus glorieux de leur histoire ».
Un sauvetage in-extrémis
A partir de là, tout s’enchaîne très vite. « Le président de l’Exécutif a saisi l’Office foncier pour enclencher la procédure de préemption et a envoyé un courrier à la commune de Centuri pour confirmer que le château devait entrer dans le patrimoine public. Nous avons rapidement délibéré en Conseil municipal pour transférer à l’Office foncier le droit de préemption urbain que détient la commune », poursuit le maire de Centuri. La procédure d’acquisition est immédiatement mise en œuvre par l’Office foncier. « Devant le caractère unique de cette demeure sur le plan patrimonial et architectural, le président de l’Exécutif m’a demandé formellement, en ma qualité de président de l’Office foncier, de réaliser cette opération. Nous avons, comme toujours, envisagé les choses avec pragmatisme. L’idée retenue étant que la CTC exerce le droit de préemption et que l’Office foncier réalise l’opération de portage pour le compte de la commune de Centuri. Nous avons lancé l’évaluation par les Domaines et, conjointement, avec la commune, un certain nombre d’analyses pour voir, dans quelles conditions, l’Office pouvait aussi, pour le compte de la CTC, acquérir ce bien. L’important est qu’il reste dans le giron de la collectivité publique », confirme Jean-Christophe Angelini.
Elisabeth Martegoute tente de résister et de bloquer le processus, mais, assignée devant le tribunal, finit par céder tout en alertant le maire de Centuri. « Nous ne pouvions pas laisser partir un morceau de patrimoine dans ces conditions-là, avec un huissier et une mise en demeure pour signer un compromis de vente. Ce n’était pas possible ! », lance David Brugioni. Seule, la commune a le droit de préemption, mais, faute de moyens financiers suffisants pour effectuer une telle acquisition, il fait appel au président du Conseil exécutif territorial pour trouver une solution. « Le 19 septembre, j’ai envoyé un SMS à Gilles Simeoni pour lui expliquer que la propriétaire tentait de bloquer la vente, mais se heurtait à une armada d’huissier et d’avocats. J’ai, ensuite, demandé à Michel-Edouard Nigaglioni, de me fournir un argumentaire grâce auquel j’ai pu convaincre Jean-Christophe Angelini, le président de l’Office foncier, d’agir rapidement ». Le plaidoyer détaillé de Michel-Edouard Nigaglioni, appuyé par son collègue de la CTC, Pierre-Jean Campocasso, fait son effet. Il conclut sur la nécessité : « de sauver le château d’un péril imminent. Si la vente projetée se réalise, le bâtiment perdra ses meubles, ses objets d’art, ses tableaux, ses portraits de famille… Il sera privatisé par une famille qui n’a aucun lien de sang avec l’île… Avec la perte de son mobilier, le château perdra son âme, son histoire, sa charge émotionnelle… et les enfants de la commune seront irrémédiablement dépouillés du pan le plus glorieux de leur histoire ».
Un sauvetage in-extrémis
A partir de là, tout s’enchaîne très vite. « Le président de l’Exécutif a saisi l’Office foncier pour enclencher la procédure de préemption et a envoyé un courrier à la commune de Centuri pour confirmer que le château devait entrer dans le patrimoine public. Nous avons rapidement délibéré en Conseil municipal pour transférer à l’Office foncier le droit de préemption urbain que détient la commune », poursuit le maire de Centuri. La procédure d’acquisition est immédiatement mise en œuvre par l’Office foncier. « Devant le caractère unique de cette demeure sur le plan patrimonial et architectural, le président de l’Exécutif m’a demandé formellement, en ma qualité de président de l’Office foncier, de réaliser cette opération. Nous avons, comme toujours, envisagé les choses avec pragmatisme. L’idée retenue étant que la CTC exerce le droit de préemption et que l’Office foncier réalise l’opération de portage pour le compte de la commune de Centuri. Nous avons lancé l’évaluation par les Domaines et, conjointement, avec la commune, un certain nombre d’analyses pour voir, dans quelles conditions, l’Office pouvait aussi, pour le compte de la CTC, acquérir ce bien. L’important est qu’il reste dans le giron de la collectivité publique », confirme Jean-Christophe Angelini.
Le respect du patrimoine
Le notaire devant obligatoirement solliciter la commune pour lever le droit de préemption, la vente est stoppée nette ! « C’est une satisfaction d’avoir réussi à garder ce bien exceptionnel. Le 5 janvier, l’Office foncier et France Domaine viendront à Centuri, le premier pour étudier les possibilités de portage, le second pour faire une estimation du château et du terrain autour. Je suis très confiant, je ne sais pas encore quelle option sera choisie, mais je sais que ce sera la meilleure », approuve David Brugioni. Le choix dépendra de la destination du bien. Un certain nombre de pistes sont d’ores et déjà envisagées. « Nous définirons, avec l’ensemble des partenaires, la destination de ce bien immobilier exceptionnel qui symbolise la vocation du Cap Corse comme lien avec le vaste monde et a vocation à rester dans le patrimoine public de la Corse. Vu sa nature, sa situation géographique, son accessibilité par la route départementale, l’usage sera mixte aux confluents du patrimoine, de l’histoire, de la mémoire, de la culture, du tourisme et du développement. On peut envisager, mais ce n’est qu’une hypothèse, que le château Stopielle abrite le siège d’organismes publics, comme par exemple, celui du parc marin du Cap Corse », annonce Gilles Simeoni.
Une première pour l’Office foncier !
Cette opération, une première pour l’Office foncier, réjouit Jean-Christophe Angelini qui se rendra sur le site en janvier. « Je suis très heureux de réaliser cette opération, d’abord, parce que l’Office foncier n’est pas encore intervenu dans le Cap, à l’exception d’une Maison du développement à Barretali qui est encore en instruction. Ensuite, notre mission est, aussi, d’extraire, chaque fois qu’on le peut, des pans de notre patrimoine collectif des phénomènes de spéculation ou d’économie résidentielle. Enfin, le Cap Corse et Centuri en particulier ont besoin d’un site multifonctionnel qui soit un catalyseur d’initiatives autour, pourquoi pas, du Parc Marin, ou d’une structure intercommunale dédiée au tourisme et à l’économie, ou encore un pôle d’activités du rural… Tout peut être envisagé dans le respect scrupuleux du patrimoine et dans la volonté d’en faire un lieu hybride au carrefour du développement et du tourisme durable ».
Un geste politique fort
Ce sauvetage in-extrémis du château Stopielle est, avant tout, pour Gilles Simeoni : « un geste politique fort, une façon de dire que notre mémoire, notre culture, notre histoire ne peuvent être ni vendues, ni bradées. Je suis fier et heureux d’être le président du Conseil exécutif qui a pris cette décision qui va permettre au château Stopielle de rester dans le patrimoine collectif du peuple corse et nourrir notre imaginaire, notre présent et notre futur ». Il enchante Elisabeth Martegoute qui, des dépendances situées à l’avant du château, veille sur le bon déroulement des opérations : « Je suis très contente que ce château, qui est si important par toutes les symboliques qu’il contient, reste dans le patrimoine corse. Je le suis pour ma famille, pour le Cap Corse et pour la Corse ». Son rêve, partagé par Michel-Edouard Nigaglioni, de construire un circuit patrimonial et touristique autour des maisons d’Américains du Cap Corse, pourrait bien, dans ces conditions, devenir réalité.
N.M.
Le notaire devant obligatoirement solliciter la commune pour lever le droit de préemption, la vente est stoppée nette ! « C’est une satisfaction d’avoir réussi à garder ce bien exceptionnel. Le 5 janvier, l’Office foncier et France Domaine viendront à Centuri, le premier pour étudier les possibilités de portage, le second pour faire une estimation du château et du terrain autour. Je suis très confiant, je ne sais pas encore quelle option sera choisie, mais je sais que ce sera la meilleure », approuve David Brugioni. Le choix dépendra de la destination du bien. Un certain nombre de pistes sont d’ores et déjà envisagées. « Nous définirons, avec l’ensemble des partenaires, la destination de ce bien immobilier exceptionnel qui symbolise la vocation du Cap Corse comme lien avec le vaste monde et a vocation à rester dans le patrimoine public de la Corse. Vu sa nature, sa situation géographique, son accessibilité par la route départementale, l’usage sera mixte aux confluents du patrimoine, de l’histoire, de la mémoire, de la culture, du tourisme et du développement. On peut envisager, mais ce n’est qu’une hypothèse, que le château Stopielle abrite le siège d’organismes publics, comme par exemple, celui du parc marin du Cap Corse », annonce Gilles Simeoni.
Une première pour l’Office foncier !
Cette opération, une première pour l’Office foncier, réjouit Jean-Christophe Angelini qui se rendra sur le site en janvier. « Je suis très heureux de réaliser cette opération, d’abord, parce que l’Office foncier n’est pas encore intervenu dans le Cap, à l’exception d’une Maison du développement à Barretali qui est encore en instruction. Ensuite, notre mission est, aussi, d’extraire, chaque fois qu’on le peut, des pans de notre patrimoine collectif des phénomènes de spéculation ou d’économie résidentielle. Enfin, le Cap Corse et Centuri en particulier ont besoin d’un site multifonctionnel qui soit un catalyseur d’initiatives autour, pourquoi pas, du Parc Marin, ou d’une structure intercommunale dédiée au tourisme et à l’économie, ou encore un pôle d’activités du rural… Tout peut être envisagé dans le respect scrupuleux du patrimoine et dans la volonté d’en faire un lieu hybride au carrefour du développement et du tourisme durable ».
Un geste politique fort
Ce sauvetage in-extrémis du château Stopielle est, avant tout, pour Gilles Simeoni : « un geste politique fort, une façon de dire que notre mémoire, notre culture, notre histoire ne peuvent être ni vendues, ni bradées. Je suis fier et heureux d’être le président du Conseil exécutif qui a pris cette décision qui va permettre au château Stopielle de rester dans le patrimoine collectif du peuple corse et nourrir notre imaginaire, notre présent et notre futur ». Il enchante Elisabeth Martegoute qui, des dépendances situées à l’avant du château, veille sur le bon déroulement des opérations : « Je suis très contente que ce château, qui est si important par toutes les symboliques qu’il contient, reste dans le patrimoine corse. Je le suis pour ma famille, pour le Cap Corse et pour la Corse ». Son rêve, partagé par Michel-Edouard Nigaglioni, de construire un circuit patrimonial et touristique autour des maisons d’Américains du Cap Corse, pourrait bien, dans ces conditions, devenir réalité.
N.M.
Crédit photos : Christian Andreani.
Le château Stopielle : Une Maison d’américain exceptionnelle !
Cette maison de 400 m2, à l’architecture-type de Porto-Rico, est, selon, Michel-Edouard Nigaglioni, « un véritable livre d’histoire illustré ». Même si, explique-t-il, ce n’est pas la plus grande, la plus haute, la plus chère ou la mieux conservée, « c’est, indiscutablement, la Maison d’Américain iconographiquement la plus intéressante et la plus chargée en significations symboliques sur la thématique particulière des Corses enrichis aux Amériques. C’est, selon moi, l’archétype-même de la Maison d’Américain ». Il estime que la longue série de décors peints, qui ornent la vingtaine de pièces, est « véritablement exceptionnelle à plus d’un titre ». Et de lister les principaux : trois plafonds dédiés à des thématiques américaines « Aucune autre Maison d’Américain n’en compte autant ! ». Les blasons du Mexique et des Etats-Unis peints sur la voûte du vestibule d’entrée, le premier est « unique » en Corse, le second n’est représenté que dans une seule autre maison à Speloncato en Balagne. L’allégorie de l’Amérique peinte au centre du plafond du salon d’apparat dont il n’existe que deux autres exemplaires en Corse. Le portrait de Christophe Colomb et un trophée colombien, peints dans la salle d’armes, sont les seuls que l’on trouve en Corse.
Autre caractéristique exceptionnelle : « C’est la seule maison de notables où l’on montre encore la Chambre du peintre » qui a réalisé les superbes décors et la seule où un peintre a peint son autoportrait. Paul-Baptiste Profizi, originaire de Talasani, « très talentueux… et gloire nationale », a logé sur place et partagé, pendant plusieurs mois, la vie de la famille. « Profizi est l’auteur du somptueux décor peint de l’église de Pino, de celui de l’église d’Ersa et du chœur de l’église de Centuri… Le château Stopielle le démontre à la hauteur des meilleurs peintres décorateurs italiens des maisons de notables ».
Le château recèle d’autres surprises, notamment une chambre nuptiale au plafond orné de l’allégorie de l’amour conjugal, un fumoir au plafond orné de l’allégorie de la chasse et réservé aux hommes, un vestibule montrant une vue de la première ligne de chemin de fer de la Corse… Bref, conclut, le directeur du patrimoine de la ville de Bastia : « La visite de cette demeure est un enchantement. Elle permet d’évoquer le cadre et le mode de vie des notables Cap-corsins enrichis à Porto-Rico. Elle donne, de la Corse, une image étonnante, valorisante et raffinée ».
Le château Stopielle : Une Maison d’américain exceptionnelle !
Cette maison de 400 m2, à l’architecture-type de Porto-Rico, est, selon, Michel-Edouard Nigaglioni, « un véritable livre d’histoire illustré ». Même si, explique-t-il, ce n’est pas la plus grande, la plus haute, la plus chère ou la mieux conservée, « c’est, indiscutablement, la Maison d’Américain iconographiquement la plus intéressante et la plus chargée en significations symboliques sur la thématique particulière des Corses enrichis aux Amériques. C’est, selon moi, l’archétype-même de la Maison d’Américain ». Il estime que la longue série de décors peints, qui ornent la vingtaine de pièces, est « véritablement exceptionnelle à plus d’un titre ». Et de lister les principaux : trois plafonds dédiés à des thématiques américaines « Aucune autre Maison d’Américain n’en compte autant ! ». Les blasons du Mexique et des Etats-Unis peints sur la voûte du vestibule d’entrée, le premier est « unique » en Corse, le second n’est représenté que dans une seule autre maison à Speloncato en Balagne. L’allégorie de l’Amérique peinte au centre du plafond du salon d’apparat dont il n’existe que deux autres exemplaires en Corse. Le portrait de Christophe Colomb et un trophée colombien, peints dans la salle d’armes, sont les seuls que l’on trouve en Corse.
Autre caractéristique exceptionnelle : « C’est la seule maison de notables où l’on montre encore la Chambre du peintre » qui a réalisé les superbes décors et la seule où un peintre a peint son autoportrait. Paul-Baptiste Profizi, originaire de Talasani, « très talentueux… et gloire nationale », a logé sur place et partagé, pendant plusieurs mois, la vie de la famille. « Profizi est l’auteur du somptueux décor peint de l’église de Pino, de celui de l’église d’Ersa et du chœur de l’église de Centuri… Le château Stopielle le démontre à la hauteur des meilleurs peintres décorateurs italiens des maisons de notables ».
Le château recèle d’autres surprises, notamment une chambre nuptiale au plafond orné de l’allégorie de l’amour conjugal, un fumoir au plafond orné de l’allégorie de la chasse et réservé aux hommes, un vestibule montrant une vue de la première ligne de chemin de fer de la Corse… Bref, conclut, le directeur du patrimoine de la ville de Bastia : « La visite de cette demeure est un enchantement. Elle permet d’évoquer le cadre et le mode de vie des notables Cap-corsins enrichis à Porto-Rico. Elle donne, de la Corse, une image étonnante, valorisante et raffinée ».