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Corte : Plusieurs centaines de personnes se mobilisent pour la défense de la langue corse


Mario Grazi le Dimanche 1 Décembre 2024 à 17:56

A l’appel des syndicats étudiants, soutenus par les différents partis nationalistes, un rassemblement avait lieu cet après-midi à Corte pour la défense de la langue corse. Près de 400 personnes ont défilé dans le calme sur le cours Paoli de Corte jusqu’à la sous-préfecture où une délégation a été reçue par le sous-préfet de Calvi, Yoann Toubhans.



Près de 400 personnes se sont rassemblées sur la place Paoli de Corte ce dimanche après-midi pour défendre la langue corse. On notait la présence, entre autres, du Dr Pierre Ghionga qui a lancé une pétition sur internet « A lingua hè viva… ci tocca à parlà ».
Il disait avoir été « choqué par la décision de la justice administrative saisie par le préfet de Corse, interdisant à la Collectivité de Corse de Corse de permettre à travers son règlement intérieur d’utiliser la langue corse au même titre que la langue française dans les débats et délibérations. Cette décision constitue une négation d’une liberté fondamentale. Dites oui à l’utilisation de la langue corse au même titre que la langue française dans les débats et délibérations de l’assemblée de Corse. Signez cette pétition ».
Des propos repris également par Jean-Christophe Angelini qui dénonçait « cette décision ». Il affirmait que « nous continuerons à parler notre langue comme nous l’avons toujours fait dans les débats de l’Assemblée de Corse ».

​« Lingua Corsa Lingua Viva »

C’est sous une banderole unique « Lingua Corsa Lingua Viva » que le cortège s’élançait de la place Paoli vers 14h30. La foule entonnait également divers chants comme A Palatina en descendant le cours Paoli jusque devant les grilles de la sous-préfecture où les forces de l’ordre étaient très discrètes. Cela faisait de nombreuses années qu’un dispositif de protection n’avait pas été installé aux abords du bâtiment de l’État. Seules deux grilles de sécurité avaient été placées sur la route, à une cinquantaine de mètres du bâtiment, vite enlevées par les manifestants.

​Reçus par le sous-préfet

Arrivé devant la sous-préfecture, un discours en langue corse a été lu par le porte-parole des étudiants : « Nous sommes ici pour défendre la langue corse face à un État colonial qui veut la faire disparaître, comme il veut faire disparaître notre peuple. Nous voulons lutter pour la défense de notre terre, de notre culture, de notre langue… Nous voulons aussi apporter un soutien fraternel à Jean-Claude Benedetti, victime, une fois encore, de l’acharnement de l’État colonial français. Vous allez mourir avant notre langue… »
La foule entonnait alors le Diu vi Salvi Regina ainsi que divers chants avant que le sous-préfet de Calvi, Yoann Thoubans, n’ouvre la porte pour recevoir une délégation à 15h35.

​Une entrevue "pour rien"

Vingt minutes plus tard, les étudiants ressortaient de cette entrevue « pour rien, comme d’habitude."
"Nous avons fait part au sous-préfet de nos revendications en faveur de la langue et il nous a simplement répondu qu’il ne pouvait rien faire à son niveau. Nous ne retenons rien de cette réunion », expliquait Ghjuliu Antone Susini, porte-parole de la Ghjuventù Indipendentista. Pour le syndicaliste étudiant « il faut contourner le problème du refus de la cooficialité ».
Et il prenait pour exemple le milieu associatif à travers Scola Corsa : « C’est une avancée et, grâce à Scola Corsa, qui se calque sur le modèle basque, on arrive à contourner le problème que pose l’État français. Cela fait plus de quarante ans que le peuple corse se bat pour sa langue sans obtenir une quelconque avancée. C’est pour cela qu’aujourd’hui nous demandons de contourner la question. On sait très bien qu’institutionnellement, nous n’y arrivons pas. Donc, il faut aborder la question d’une autre façon en parlant notre langue partout et tous les jours. Il faut arrêter de demander des accords à l’État français qui ne nous a jamais rien accordé ».
Paghjelle et chants se sont poursuivis dans la soirée avant que la foule ne se disperse dans le calme.