Ce fameux samedi 7 janvier 2006, l’USCC parvenait pour la première fois de sa longue histoire, débutée en décembre 1908, à jouer un match face à un club de première division face à Rennes, l’un des ténors du Championnat de France de l’époque avec des joueurs comme Yohann Gourcuff, Alexander Frei, Jimmy Briand, Jacques Faty, Grégory Bourillon ou encore Kim Källström. Ce soir-là, c’est dans un stade de Timizzolu rempli de près de 5 000 supporteurs acquis à la cause des « verts et blancs » que le capitaine, François Campana, âgé aujourd’hui de 46 ans, entre le premier sur le terrain aux côtés du capitaine rennais, Alexander Frei.
Le Cortenais a été formé à l’USCC et son premier entraîneur n’était autre qu’Edmond Delfour, ancien international français et beau-père du regretté Dumè Colonna. En sélection corse il est repéré par Martigues qui le recrute. « Mais je n’ai pas voulu rester. C’est peut-être la plus grosse erreur que j’ai faite. Je suis rentré en Corse pour jouer en amateur avec l’USCC en DH en double surclassement, puisque j’avais 15 ans. Puis j’ai signé au Sporting en pensant que cela allait m’ouvrir des portes bien que d’autres clubs étaient intéressés. Malheureusement ça s’est mal passé et c’est Nice que se manifeste. Mais le club de formation n’était pas structuré comme aujourd’hui, c’était même pire que le SCB. Ce n’était pas digne d’un club pro. J’ai joué en réserve à 17 ans ». Mais François se blesse et met du temps à revenir.
«L’entraîneur me faisait jouer sur le côté gauche, ce que je n’aimais pas, j’avais l’impression d’être prisonnier sur ce côté. Même si je fais une saison assez correcte, j’aurais préféré jouer au milieu ou même à droite pour pouvoir rentrer sur mon pied gauche et frapper. Le club était en difficulté financière et ne me proposait pas de contrat stagiaire ». Pour autant, François participe à un match amical face au club norvégien de Rosenborg, « je joue en numéro 6 et on les bat 2-1. 4 jours plus tard, les Norvégiens vont jouer à San Siro contre l’AC Milan en Ligue des champions et ils s’imposent 2-1 en 1996 ! Je pense alors que ma situation va évoluer. Mais il n’en est rien. D’ailleurs, Nice tombe en 2e division et je rentre en Corse où je fais une saison avec Corti-Castirla avant d’aller à l’Ile-Rousse avec Fanfan Félix ».
François Campana joue de malchance en enchaînant les clubs en difficultés financières et se rend compte qu’il ne fera pas de carrière pro. Il rentre donc définitivement à Corte en signant à l’USCC avec Didier Gilles comme entraîneur avant la venue de Jean-André Ottaviani. « Mais c’est compliqué mentalement pour moi, car j’ai emmagasiné trop de déceptions. J’ai du mal à me mettre au niveau. Le jeu est trop lent par rapport à ce que j’ai connu, et je parle sans prétention aucune. J’avais l’impression d’être toujours à contre-courant du jeu. C’est pour cela que beaucoup de joueurs qui côtoient la carrière pro abandonnent après, car il faut se réinventer et ce n’est pas évident. Heureusement que Jean-André Ottaviani prend le club en main et je retrouve le moral, car il nous fait travailler non seulement le physique, mais surtout le côté tactique. Il nous faisait jouer en 4-4-2 pour récupérer les ballons hauts, même si on pouvait évoluer en cours de jeu. C’est le style qui a le moins de faille pour moi. Jean-André avait cette culture tactique qui nous a permis de réaliser de très belles choses, notamment d’atteindre le 32e de finale de la coupe de France.
Revenons donc à cette soirée du 7 janvier 2006. Il est presque 17 heures. Damien Ledentu, l’arbitre de la rencontre, pénètre sur la pelouse avec ses deux assistants. Les capitaines des deux formations le suivent avec les 10 autres joueurs. François Campana et Alexander Frei ont en main le fanion de leurs clubs respectifs qu’ils échangent dans le rond central, « j’aurais bien sûr préféré jouer à Corte et entrer sur cette pelouse avec autant d’ambiance pour nous soutenir c’était motivant. Pour autant, en entrant sur le terrain j’arrivais à faire abstraction de tout ça, j’étais déjà dans mon match, hyper concentré, plus que d’habitude, même si je ne craignais personne. Et Jean-André Ottaviani nous avait bien préparés pour ce match, surtout tactiquement donc. C’est ce qui a surpris les Rennais de Làszlo Bölöni que nous avons malmenés tout le long de la partie. On était à 100% et ils nous ont pris à la légère, ils nous ont pris de haut. Ils ne s’attendaient pas à devoir affronter une équipe aussi prête physiquement et tactiquement. Ils ne pensaient pas que nous allions prendre le jeu à notre compte. Mais il est vrai qu’on avait les joueurs pour avec Maisetti, Ouedraoggo Muller ou encore Tarrassenko. Frei n’a pas touché un ballon, il avait Pifferini sur le dos tout le match. Notre défenseur a sorti un match de fou. Ils se sont rendu compte que ça n’allait pas être facile pour eux. On savait à quoi s’attendre et on savait aussi de quoi nous étions capables. On ouvre le score dès la 10e par le brésilien Jairo, mais, dans la foulée, on a deux blessés. Deux joueurs majeurs de notre défense, en l’occurrence Denis Latour et Basile Paoli. Pour autant Moureaux et Lanoir font le travail et ils compensent ».
Rennes égalise par Bourillon à la 52e avant que Muller ne redonne l’avantage à Corte trois minutes plus tard. Et puis il y a ce deuxième fait de jeu à la 57e minute, avec l’expulsion surprenant et injuste de François Campana… « Il y a un ballon qui arrive sur Bourillon. Je suis en retard, c’est vrai et mon tacle mérite le jaune. Je ne dis absolument rien et je me replace. Contrairement à ce que j’aurais pu faire en d’autres temps avec mon tempérament fougueux. Dans le même temps, Làszlo Bölöni qui pleurniche sur la touche avec le 4e arbitre qui appelle l’arbitre central. Ils discutent tous les deux et Ledentu revient en me sortant le rouge direct ! Je suis abasourdi. Je n’ai rien compris. Et personne n’a rien compris. C’est peut-être la seule fois où je ne conteste pas une décision arbitrale. Mon jaune est mérité, mais après je vis ça comme une injustice manifeste et c’est vraiment indigne de Làszlo Bölöni, entraîneur de première division. À partir de là, à dix contre 11, les choses sont devenues compliquées. Après, il est impossible de dire que nous aurions pu gagner. On ne saura jamais si nous aurions pu tenir physiquement. Mais il est certain qu’en infériorité numérique contre un club de 1re division, nous finirions par craquer. C’est regrettable. Et je le répète, cette décision était injuste… On ne peut pas refaire l’histoire ».
Finalement le Stade rennais va ajouter deux autres buts aux 83e et 85e minutes par Moussa Saw et remporter ce match. Et François Campana garde également un sentiment de mépris envers l’attitude des Rennais pendant le match et surtout au lendemain du match, car des joueurs, comme Jacques Faty, et Jimmy Briand ou encore le manager général du club, Pierre Dreossi, ont inondé les réseaux sociaux sur l’accueil qui a été réservé à Rennes ce soir-là. « Je n’ai jamais vu une ambiance pareille, aussi hostile et raciste ». C’est ce que l’on pouvait lire sur les réseaux sociaux du club au lendemain du match. « Ils se sont fait bouger et ils ne savaient pas comment justifier cela face à leurs supporteurs. Mais c’était indigne de leur part. Je retiens de ce match que ce ne sont pas les meilleurs qui sont passés ce 7 janvier 2006… »
François Campana continue de suivre le football, bien sûr, et les matchs de l’USCC en particulier. « Le club est en difficulté en championnat et vient de perdre ses deux dernières rencontres. Je peux le comprendre, car les joueurs ont déjà la tête aux 32e de finale de la coupe de France face à Nice, mon ancien club. Je serais à Furiani samedi soir pour soutenir l’USCC même si je ne connais quasi plus personne, à part Jacques-André Luciani. J’espère qu’ils sauront se donner à 200%. Qu’ils ne jouent surtout pas le match avant. Qu’ils soient à fond dans leur partie et la magie de la coupe pourrait bien opérer. Je souhaite en tout cas qu’ils fassent le match qu’il faut de manière à ce qu’ils n’aient pas de regrets. J’espère aussi qu’il y ait beaucoup de monde et que tout se passe bien. Forza Corti », a conclu François Campana.
Le Cortenais a été formé à l’USCC et son premier entraîneur n’était autre qu’Edmond Delfour, ancien international français et beau-père du regretté Dumè Colonna. En sélection corse il est repéré par Martigues qui le recrute. « Mais je n’ai pas voulu rester. C’est peut-être la plus grosse erreur que j’ai faite. Je suis rentré en Corse pour jouer en amateur avec l’USCC en DH en double surclassement, puisque j’avais 15 ans. Puis j’ai signé au Sporting en pensant que cela allait m’ouvrir des portes bien que d’autres clubs étaient intéressés. Malheureusement ça s’est mal passé et c’est Nice que se manifeste. Mais le club de formation n’était pas structuré comme aujourd’hui, c’était même pire que le SCB. Ce n’était pas digne d’un club pro. J’ai joué en réserve à 17 ans ». Mais François se blesse et met du temps à revenir.
«L’entraîneur me faisait jouer sur le côté gauche, ce que je n’aimais pas, j’avais l’impression d’être prisonnier sur ce côté. Même si je fais une saison assez correcte, j’aurais préféré jouer au milieu ou même à droite pour pouvoir rentrer sur mon pied gauche et frapper. Le club était en difficulté financière et ne me proposait pas de contrat stagiaire ». Pour autant, François participe à un match amical face au club norvégien de Rosenborg, « je joue en numéro 6 et on les bat 2-1. 4 jours plus tard, les Norvégiens vont jouer à San Siro contre l’AC Milan en Ligue des champions et ils s’imposent 2-1 en 1996 ! Je pense alors que ma situation va évoluer. Mais il n’en est rien. D’ailleurs, Nice tombe en 2e division et je rentre en Corse où je fais une saison avec Corti-Castirla avant d’aller à l’Ile-Rousse avec Fanfan Félix ».
François Campana joue de malchance en enchaînant les clubs en difficultés financières et se rend compte qu’il ne fera pas de carrière pro. Il rentre donc définitivement à Corte en signant à l’USCC avec Didier Gilles comme entraîneur avant la venue de Jean-André Ottaviani. « Mais c’est compliqué mentalement pour moi, car j’ai emmagasiné trop de déceptions. J’ai du mal à me mettre au niveau. Le jeu est trop lent par rapport à ce que j’ai connu, et je parle sans prétention aucune. J’avais l’impression d’être toujours à contre-courant du jeu. C’est pour cela que beaucoup de joueurs qui côtoient la carrière pro abandonnent après, car il faut se réinventer et ce n’est pas évident. Heureusement que Jean-André Ottaviani prend le club en main et je retrouve le moral, car il nous fait travailler non seulement le physique, mais surtout le côté tactique. Il nous faisait jouer en 4-4-2 pour récupérer les ballons hauts, même si on pouvait évoluer en cours de jeu. C’est le style qui a le moins de faille pour moi. Jean-André avait cette culture tactique qui nous a permis de réaliser de très belles choses, notamment d’atteindre le 32e de finale de la coupe de France.
Revenons donc à cette soirée du 7 janvier 2006. Il est presque 17 heures. Damien Ledentu, l’arbitre de la rencontre, pénètre sur la pelouse avec ses deux assistants. Les capitaines des deux formations le suivent avec les 10 autres joueurs. François Campana et Alexander Frei ont en main le fanion de leurs clubs respectifs qu’ils échangent dans le rond central, « j’aurais bien sûr préféré jouer à Corte et entrer sur cette pelouse avec autant d’ambiance pour nous soutenir c’était motivant. Pour autant, en entrant sur le terrain j’arrivais à faire abstraction de tout ça, j’étais déjà dans mon match, hyper concentré, plus que d’habitude, même si je ne craignais personne. Et Jean-André Ottaviani nous avait bien préparés pour ce match, surtout tactiquement donc. C’est ce qui a surpris les Rennais de Làszlo Bölöni que nous avons malmenés tout le long de la partie. On était à 100% et ils nous ont pris à la légère, ils nous ont pris de haut. Ils ne s’attendaient pas à devoir affronter une équipe aussi prête physiquement et tactiquement. Ils ne pensaient pas que nous allions prendre le jeu à notre compte. Mais il est vrai qu’on avait les joueurs pour avec Maisetti, Ouedraoggo Muller ou encore Tarrassenko. Frei n’a pas touché un ballon, il avait Pifferini sur le dos tout le match. Notre défenseur a sorti un match de fou. Ils se sont rendu compte que ça n’allait pas être facile pour eux. On savait à quoi s’attendre et on savait aussi de quoi nous étions capables. On ouvre le score dès la 10e par le brésilien Jairo, mais, dans la foulée, on a deux blessés. Deux joueurs majeurs de notre défense, en l’occurrence Denis Latour et Basile Paoli. Pour autant Moureaux et Lanoir font le travail et ils compensent ».
Rennes égalise par Bourillon à la 52e avant que Muller ne redonne l’avantage à Corte trois minutes plus tard. Et puis il y a ce deuxième fait de jeu à la 57e minute, avec l’expulsion surprenant et injuste de François Campana… « Il y a un ballon qui arrive sur Bourillon. Je suis en retard, c’est vrai et mon tacle mérite le jaune. Je ne dis absolument rien et je me replace. Contrairement à ce que j’aurais pu faire en d’autres temps avec mon tempérament fougueux. Dans le même temps, Làszlo Bölöni qui pleurniche sur la touche avec le 4e arbitre qui appelle l’arbitre central. Ils discutent tous les deux et Ledentu revient en me sortant le rouge direct ! Je suis abasourdi. Je n’ai rien compris. Et personne n’a rien compris. C’est peut-être la seule fois où je ne conteste pas une décision arbitrale. Mon jaune est mérité, mais après je vis ça comme une injustice manifeste et c’est vraiment indigne de Làszlo Bölöni, entraîneur de première division. À partir de là, à dix contre 11, les choses sont devenues compliquées. Après, il est impossible de dire que nous aurions pu gagner. On ne saura jamais si nous aurions pu tenir physiquement. Mais il est certain qu’en infériorité numérique contre un club de 1re division, nous finirions par craquer. C’est regrettable. Et je le répète, cette décision était injuste… On ne peut pas refaire l’histoire ».
Finalement le Stade rennais va ajouter deux autres buts aux 83e et 85e minutes par Moussa Saw et remporter ce match. Et François Campana garde également un sentiment de mépris envers l’attitude des Rennais pendant le match et surtout au lendemain du match, car des joueurs, comme Jacques Faty, et Jimmy Briand ou encore le manager général du club, Pierre Dreossi, ont inondé les réseaux sociaux sur l’accueil qui a été réservé à Rennes ce soir-là. « Je n’ai jamais vu une ambiance pareille, aussi hostile et raciste ». C’est ce que l’on pouvait lire sur les réseaux sociaux du club au lendemain du match. « Ils se sont fait bouger et ils ne savaient pas comment justifier cela face à leurs supporteurs. Mais c’était indigne de leur part. Je retiens de ce match que ce ne sont pas les meilleurs qui sont passés ce 7 janvier 2006… »
François Campana continue de suivre le football, bien sûr, et les matchs de l’USCC en particulier. « Le club est en difficulté en championnat et vient de perdre ses deux dernières rencontres. Je peux le comprendre, car les joueurs ont déjà la tête aux 32e de finale de la coupe de France face à Nice, mon ancien club. Je serais à Furiani samedi soir pour soutenir l’USCC même si je ne connais quasi plus personne, à part Jacques-André Luciani. J’espère qu’ils sauront se donner à 200%. Qu’ils ne jouent surtout pas le match avant. Qu’ils soient à fond dans leur partie et la magie de la coupe pourrait bien opérer. Je souhaite en tout cas qu’ils fassent le match qu’il faut de manière à ce qu’ils n’aient pas de regrets. J’espère aussi qu’il y ait beaucoup de monde et que tout se passe bien. Forza Corti », a conclu François Campana.