Si le karaté est aujourd’hui solidement ancré en Haute-Corse, c’est grâce à une poignée de visionnaires. Ces figures emblématiques se sont réunies récemment pour partager leurs souvenirs et célébrer un parcours jalonné de défis et de réussites. Alexandra Sampieri, secrétaire générale du Comité Départemental de Karaté et Disciplines Associées de Haute-Corse (CDKDA2B), rappelle l’importance de leur rôle : « On parle beaucoup aujourd’hui de la jeune génération des karatekas insulaires qui brille, mais il faut rendre hommage à ceux qui ont porté le karaté corse tout en haut et qu’on oublie trop souvent. »
Les débuts du karaté insulaire
C’est dans les années 60 que tout commence. Jean-Pierre Cordoliani et Albert Superchi décident de structurer la pratique en Corse. « Comme nous n’étions pas assez nombreux pour composer une ligue, nous avons créé un Comité Directeur », explique Jean-Pierre Cordoliani. Jusqu’en 1975, le karaté était encore rattaché à la Fédération Française de Judo, avant de devenir une discipline indépendante sous la Fédération Française de Karaté et Arts Martiaux Affinitaires.
En 1972, deux clubs émergent en Haute-Corse : le KCB de Claude Gamet à Bastia, premier club de karaté insulaire fondé en 1969, et le CKC de Jean-Paul Agostini à Toga. « Les premiers cours de karaté ont eu lieu en 1968 dans le dojo du Judo Club Bastiais, puis dans une cabane en bois à la Citadelle », se remémore Laurent Serpaggi, ancien élève de Jean-Paul Agostini.
Des liens forts avec le Japon
La discipline prend rapidement une dimension internationale grâce à Claude Gamet, qui, lors d’un séjour au Japon, rencontre des maîtres renommés comme Hidetoshi Nakahashi et Eiji Ogasahara. Ces derniers viennent régulièrement en Corse pour former les karatekas locaux. En 1977, Jean-Pierre Cordoliani et Nakahashi fondent l’Académie des Arts Martiaux Interdisciplinaires (AMI), consacrée au karaté Shito-ryu. « C’est surtout Jean-Pierre qui a fondé le karaté en Corse », insiste Laurent Serpaggi. « Il a permis à ses élèves de briller au niveau national et international, tout en rapprochant la Corse de la Fédération. »
Une discipline en pleine mutation
Malgré son apogée dans les années 70 avec près de 1 000 licenciés, le karaté insulaire a vu ses effectifs diminuer avec l’émergence de nouveaux sports de combat. Aujourd’hui, la Corse compte 740 licenciés répartis dans 18 clubs. Si des dysfonctionnements ont récemment mené à la dissolution de la Ligue Corse de Karaté, les Comités départementaux ont repris les rênes pour relancer la discipline. Alexandra Sampieri conclut avec optimisme : « Avec 740 licenciés, nous retrouvons les chiffres des années 90. Cela montre que notre travail porte ses fruits et que le karaté a encore de beaux jours devant lui en Corse. »