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En Corse, 4 salariés sur 10 gagnent moins de 15 290 € par an


VL le Vendredi 31 Janvier 2025 à 13:11

En Corse, 4 salariés sur 10 gagnent moins de 15 290 € par an, un niveau de précarité record en France métropolitaine. En cause : la saisonnalité de l’emploi, les contrats courts et des rémunérations horaires plus faibles. Une situation qui touche particulièrement les jeunes, les femmes et les travailleurs du commerce, de l’hôtellerie-restauration et de l’agriculture. L’Insee, qui publie ces chiffres ce jeudi 30 janvier, met en lumière de fortes disparités entre les territoires



Photo Pexels
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En 2022, 45 500 salariés en Corse ont perçu un revenu annuel inférieur à 15 290 €, soit 40 % des travailleurs insulaires, selon une étude de l’Insee publiée ce jeudi 30 janvier. L’île enregistre ainsi la plus forte proportion de bas salaires de France métropolitaine, loin devant la moyenne nationale (31 %).  Selon l'Institut national de la statistique et des études économiques, cette situation, qui touche particulièrement les jeunes, les femmes et les travailleurs des secteurs du commerce, de l’hôtellerie-restauration et de l’agriculture, s’explique par la forte saisonnalité de l’emploi, la prévalence des contrats courts et des temps partiels, mais aussi par une rémunération horaire inférieure à la moyenne.

Des contrats courts et des salaires horaires plus bas

L’étude pointe d’abord le faible nombre d’heures travaillées sur l’année. En moyenne, les salariés concernés cumulent 800 heures de travail, soit l’équivalent de 5,3 mois à temps plein. À titre de comparaison, les autres salariés en Corse effectuent en moyenne 1 810 heures, correspondant à un emploi à plein temps sur l’année.

Le recours aux contrats courts est aussi un facteur clé : « Sur l’île, 56 % des salariés à bas salaire travaillent de manière occasionnelle, essentiellement en saisonnier ou en contrat à durée déterminée, contre 15 % pour les autres salariés », indique l’Insee. Cette précarité est particulièrement marquée dans l’hôtellerie-restauration et l’agriculture, deux secteurs où l’activité est concentrée sur quelques mois de l’année.

Les salariés concernés perçoivent également une rémunération horaire inférieure à celle des autres travailleurs insulaires. En moyenne, ils sont payés 10,5 € de l’heure, contre 15,3 € pour le reste des salariés. Ce niveau reste toutefois au-dessus du Smic horaire net (8,6 €). Cet écart s’expliquerait notamment par la nature des emplois exercés : souvent peu qualifiés, ils sont majoritairement occupés dans de très petites entreprises, qui disposent de marges financières limitées.

Certains domaines d’activité concentrent une part importante de ces bas salaires. Le commerce arrive en tête, avec 6 750 salariés concernés, soit 15 % du total en Corse. L’hébergement (13 %) et la restauration (9 %) suivent de près. Ces secteurs, fortement liés au tourisme, fonctionnent avec de nombreux contrats saisonniers ou à temps partiel.
​L’agriculture détient le taux le plus élevé de bas salaires : 70 % des travailleurs du secteur perçoivent un revenu inférieur à 15 290 € par an, un record sur l’île


Les petites entreprises en première ligne
Le tissu économique insulaire est un autre facteur aggravant. « Les entreprises de grande taille ont une meilleure capacité à verser des salaires plus élevés grâce à des économies d’échelle et une proportion de cadres plus importante », souligne l’Insee.
Or, en Corse, l’activité repose majoritairement sur de très petites entreprises (TPE) de moins de 20 salariés. Parmi les 59 600 employés des TPE insulaires, un sur deux perçoit un bas salaire.

Femmes et jeunes plus exposés
L’étude met aussi en lumière des disparités selon le sexe et l’âge. Les femmes sont légèrement plus nombreuses à être concernées : elles représentent 53 % des salariés à bas salaire. En Corse, 45 % des salariées perçoivent un revenu annuel inférieur à 15 290 €, contre 35 % des hommes. Cet écart de 10 points est toutefois inférieur à celui observé dans d’autres régions de province (13 points).

Les femmes sont aussi plus souvent à temps partiel (31 % contre 17 % des hommes). Pourtant, leur revenu moyen annuel est légèrement supérieur à celui des hommes (8 500 € contre 8 200 €). Elles sont en effet plus présentes dans certains secteurs, comme l’hébergement ou l’action sociale, où les contrats sont légèrement mieux rémunérés.

Les jeunes sont également plus exposés aux bas salaires : la moitié des salariés concernés ont moins de 37 ans, contre 44 ans pour les autres.

Des inégalités territoriales
L’étude met en évidence de fortes disparités selon les territoires. Les intercommunalités rurales comme Spelunca-Liamone, l’Oriente et Nebbiu-Conca d’Oru affichent les proportions les plus élevées de salariés à bas salaire. Ces zones sont souvent dépendantes de l’agriculture et du tourisme, où les contrats saisonniers sont majoritaires.

À l’inverse, les zones urbaines et périurbaines, où se concentrent les emplois les plus qualifiés, enregistrent des taux plus faibles. Dans la communauté d’agglomération du Pays Ajaccien, un salarié sur trois est concerné.