La faillite d’un système ?
Tous les professeurs présents devant l’inspection académique de Haute-Corse ainsi que devant le Rectorat à Ajaccio font état du même sentiment de sidération face à ce drame, mais également de la forte dégradation de leur condition de travail, où le lien entre les élèves et les enseignants est plus que jamais mis à mal. C’est en tout cas ce que souligne François, professeur de mathématique dans un collège de Bastia, qui affirme que « pour la première fois, il y a des enseignants qui ont peur de se rendre à leur travail, même à Bastia. Certains collègues ont fait la demande d’avoir des bombes anti-agressions. On m’aurait dit ça il y a cinq ou dix ans, j’aurais trouvé ça impensable ».
Selon certains enseignants, les dégradations des conditions de travail du corps enseignant, qui ont conduit à au drame de Dominique Bernard, sont en partie dues à la politique de l’autruche que mène l’Éducation nationale depuis des années « Il y a toujours eu le principe de l’État qui nous imposait de ne pas faire de vague et de minimiser les choses. Il fallait toujours régler les problèmes dans la salle de classe, voire au pire dans l’établissement sans que cela ne déborde jamais à l’extérieur. Cependant, à force de faire croire que tout va bien et que tout est sous contrôle, trop de choses négatives se sont accumulées, et nous voilà maintenant confrontés à cette réalité », déplore François, professeur de mathématique.
Si toutes les interrogées réclament de meilleures conditions pour pouvoir enseigner sereinement, la professeure de SVT rappelle que « dans mon quotidien, je ne me sens pas en danger en tant que professeur, je ne vais pas au travail avec la boule au ventre qu’il m’arrive quelque chose. Mais d’un autre côté, je ne peux pas m’empêcher de penser que Dominique Bernard non plus ne devait pas se sentir en danger », conclut Giulia.