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Haute-Corse – 2nde circonscription : Françoix-Xavier Ceccoli devient député


Nicole Mari le Dimanche 7 Juillet 2024 à 23:05

Le député nationaliste sortant Jean-Félix Acquaviva est battu dans la 2ème circonscription de Haute Corse. C’est le LR François-Xavier Ceccoli qui gagne la circonscription avec 54,48% des suffrages, soit 24 458 voix. Le maire de San Giuliano profite à fond du désistement du RN et du soutien de Jordan Bardella. Il gagne 9358 voix entre les deux tours. Une avance de 4022 voix sur le député sortant, qui même s’il réussit une belle remontée avec 7738 voix supplémentaires, soit un total de 20 436 voix, n’est pas en mesure de contrer les voix d’Extrême-droite. Le taux de participation a atteint 69%.



François-Xavier Ceccoli, maire de San Giuliano et président de la Fédération LR de Haute-Corse élu député de la 2nde circonscription de Haute-Corse. Photo CNI.
François-Xavier Ceccoli, maire de San Giuliano et président de la Fédération LR de Haute-Corse élu député de la 2nde circonscription de Haute-Corse. Photo CNI.
Le report des voix du Rassemblement national (RN) était la clé du scrutin dans la 2ème circonscription de Haute-Corse. Il permet au candidat LR, François-Xavier Ceccoli, de l’emporter largement sur le député nationaliste sortant Jean-Félix Acquaviva avec 4000 voix d’avance. Un coup réussi pour le maire de San Giulano qui concrétise l’essai des Législatives de 2022. Il le doit au désistement en sa faveur de la candidate du RN, Sylvie Jouart, dont il rafle la majeure partie des 11000 voix obtenus au 1er tour. Il engrange 9358 voix supplémentaires par rapport au 1er tour et 7837 voix par rapport à 2022. Les électeurs du RN ont reporté massivement, voire quasi-totalement leurs voix sur le candidat de droite, une donnée inédite qu’il faudra désormais prendre en compte pour les prochaines échéances électorales et pas seulement dans une confrontation droite-nationaliste, mais aussi avec des candidats RN qui pourraient se présenter à des scrutins municipaux. C’est la première leçon de ces Législatives anticipées. Elle pourrait provoquer à terme la recomposition de l’échiquier politique insulaire. Quoiqu’il en soit aujourd’hui le RN, bien plus que le couple RN-droite, signe le premier échec électoral des Nationalistes aux Législatives depuis 2017 et la première défaite pour Femu a Corsica. La participation, déjà très élevée au premier tour, atteint 69 %.
 
Des scores écrasants
Le maire de San Giulano réalise des scores sans appel dans les communes littorales. Il écrase le député sortant dans les bastions de droite et dans ceux de l’opposition farouche à la majorité territoriale et où le RN avait recueilli de gros scores, notamment en Casinca et en Plaine Orientale. Il culmine à 73,75% à Vescovato où il récupère la totalité des voix de Sylvie Jouart, idem à Venzolasca ou encore à Castellare-di-Casinca où le RN était arrivé largement en tête. Comme à Penta-di-Casinca où il récupère la pôle position et la majeure partie des voix d’Extrême-droite. Même scénario à Ghisonaccia en Plaine Orientale où il rafle 1215 voix, engrangeant là aussi avec très peu de déperdition les voix du RN, et à Calvi en Balagne où il l’emporte avec 1908 voix. A partir de là, l’élection était pliée. Les élus et sympathisants de droite, réunis à la permanence de San Giuliano, ont laissé éclater leur joie. « Une élection compliquée, une victoire qui fait plaisir, qui honore par rapport aux gens qui vous font confiance », se félicite François-Xavier Ceccoli. Il botte cependant en touche sur le report massif des voix du RN dont il a bénéficié : « En vérité, je n'ai rien à dire sur ce sujet. Il va falloir arrêter de mettre des électeurs au banc de la société. Le RN doit se justifier. Par contre, LFI n'a pas à le faire. Il faut accepter les électeurs comme ils sont ».
 
Une nouvelle donne
Si la victoire est belle pour la droite insulaire et lui donne des ailes par rapport aux prochains scrutins locaux, il lui est cependant difficile de capitaliser au-delà de son propre ancrage sur des électeurs RN qui restent très volatiles et qui ont effectué un vote situationnel dans l’espoir, ce soir déçu, de porter Jordan Bardella à Matignon. Pas plus qu’il n’a été possible de mesurer l’ampleur du report des voix du RN avant que ne tombent les résultats, il semble bien présomptueux de prédire ce que feront ces électeurs lors de la prochaine échéance électorale programmée, les municipales de 2026. La territorialisation des Législatives a complètement occulté cette élection alors qu’elle pourrait bien ouvrir une nouvelle donne. En attendant, le nouveau député, président de la Fédération LR de Haute-Corse, siègera chez Les Républicains : « Je vais siéger dans le LR Canal Historique, en clair, celui de Wauquiez, celui de Retailleau, celui de François-Xavier Bellamy, dans ma famille d'origine ». Pour son premier mandat au Palais Bourbon, il va devoir faire ses armes dans un contexte national inédit avec une Assemblée nationale sans aucune majorité que tout le monde affirme déjà ingouvernable.
 
Une défaite amère
Chez Femu a Corsica, la déception est manifeste, même si elle était quand même attendue. Dès l’annonce du retrait de Sylvie Jouart en faveur de son adversaire, le parti majoritaire savait que le match devenait très compliqué et que, malgré toute l’énergie qu’il mettrait dans la bataille, il y aurait un seuil de report qu’il ne pourrait plus combler. Il voulait cependant y croire. Jean-Félix Acquaviva, qui pâtissait déjà d’un retard de 2400 voix, a néanmoins réalisé une belle remontée en engrangeant 7738 voix entre les deux tours principalement dans le rural et les communes du Niolu, de Centre-Corse et aussi en Balagne. Le retournement inespéré du PNC entre les deux tours, le soutien de Core in Fronte, ajouté à celui d’une partie de la gauche, a déclenché une dynamique nationaliste qui avait redonné espoir. Mais construite dans l’urgence, face au danger que constituait le RN pour les députés sortants et sur la promesse d’une refondation du mouvement national après les élections, elle n’a pas été suffisante. A Corte, le premier à réagir, le sénateur Paulu-Santu Parigi, ne cache pas son émotion : « Avec Jean-Félix Acquaviva, nous perdons non seulement un poste de député, mais surtout un parlementaire qui a défendu la Corse à l’Assemblée nationale pendant sept ans et qui a accompli un travail extraordinaire », Pour lui, « La Corse est aujourd’hui coupée en deux entre la Corse de l’intérieur qui a fortement voté pour le candidat Acquaviva et cette Corse du littoral, cette Corse du solde migratoire qui a fait basculer l’élection ». Et de préciser : « Je fais allusion aux nouveaux arrivants et à ceux qui, la semaine dernière, ont mis le RN en finale. Une partie de ce vote est contre la Corse ». Jean-Félix Acquaviva a effectivement largement augmenté ses scores dans quasiment toutes les communes de l’intérieur. Il gagne 3659 voix par rapport à 2022 où il avait remporté le siège sur le fil du rasoir.
 
Un nouveau contexte
Pour sa part, Jean-Félix Acquaviva n’a visiblement pas l’intention de se laisser abattre : « Des défaites, on en a vu d’autres dans le nationalisme corse, on en a connu en tant que militants. On a d’abord appris à perdre les élections de nombreuses fois avant d’en gagner. Nous avons été des militants avant l’élection. Nous le serons après l’élection. Il y a eu une forte mobilisation, et je tiens à remercier les électeurs, les sympathisants et les élus. Ce n’est pas une défaite totale, bien au contraire, c’est un score identique aux 21 000 voix de 2017 où, avec Petr’Anto Tomasi, nous avons triomphé avec 65% des suffrages. Aujourd’hui ce qui compte, c’est l’analyse politique par rapport au combat qui est le nôtre depuis des décennies ». Avec cette première défaite, les Nationalistes perdent un député de poids, également conseiller territorial, qui aurait eu un rôle capital à jouer dans la situation inédite sortie des urnes au niveau national. Elle fragilise aussi une majorité territoriale, qui fait l’objet de critiques répétées après huit ans et demi à la tête de la Collectivité de Corse et dont l’ex-député est une pièce maitresse. « Dans une tentative de territorialiser l’élection, il fallait abattre le soldat Acquaviva pour atteindre le président de l’Exécutif », commente Jean-Félix Acquaviva.

Le combat continue
L’heure, désormais, est à la refondation au niveau nationaliste : « Il faut poser la question de la convergence nationale dans ce nouveau contexte issu de cette élection. Elle n'est pas simplement une question électorale, elle touche à la question de la communauté de droit sur cette terre, à la façon de construire une communauté de culture et de destin. Comment dans ce contexte politique très trouble, peut-on mettre en place une stratégie pour continuer le combat politique et faire en sorte d’arriver à une solution politique pour le peuple corse ? », poursuit l’élu de Femu a Corsica. Une position partagée par le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni : « La démocratie implique aussi des défaites électorales, et il faut savoir les accepter et en tirer les leçons. Nous devons tirer les leçons de cette défaite pour préparer les victoires futures, non seulement électorales mais surtout politiques, car notre combat pour la Corse et son peuple doit continuer ». Toutes les composantes du mouvement national semblent au moins d’accord sur ce point et se disent prêtes à s’y atteler le plus tôt possible.
 
N.M.
 
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