Le site archéologique d'Aleria. Photo CdC.
- Le site d’Aleria est en pleine transformation. Qu’est-ce qui va changer ?
- J’ai présenté en novembre dernier à l’Assemblée de Corse un rapport qui a été adopté à l’unanimité et qui dessinait les premiers contours de la refonte totale du site d’Aleria. Une refonte autour de quatre axes. D’abord, la maîtrise et l’organisation du foncier. Nous avons fait un ensemble d’acquisitions, notamment les thermes de Santa Laurina. Ensuite, une politique de recherche sur Aleria à travers un grand programme transfrontalier avec l’Italie, qui regroupe près de 80 chercheurs et ouvre de nouvelles perspectives en resituant le site dans son axe méditerranéen. Egalement une politique de chantier avec de nouvelles fouilles. Nous savons qu’il y a autour du site des perspectives de découvertes exceptionnelles, notamment sur la période étrusque qui est très importante pour la Corse et qui aura un écho bien au-delà des frontières de notre île. Enfin, une mise en valeur totale du musée puisque l’exposition 2019, qui sera inaugurée en juin, dessinera vraiment le nouveau visage d’Aleria, celui d’Aleria Romaine.
- Pourquoi une telle refonte ?
- Nous avions, avant, la gestion du site archéologique. Avec la fusion des collectivités et la Collectivité unique, nous avons récupéré celle du musée. Nous allons, donc, créer le lien, qui n’existait pas, entre le site et le musée, et revoir le programme et l’aménagement du musée. Nous avons fait l’acquisition de la maison Rossi, située juste au début du site et qui deviendra un nouvel espace dédié à la médiation et à l’accueil du public. Cette politique d’acquisitions foncières doit créer une cohérence en termes d’aménagement, indispensable pour le développement d’un site d’une telle envergure. Nous avons, également, la volonté de revoir l’aménagement au niveau de l’amphithéâtre, de proposer une lecture différente du site avec une politique de visite virtuelle, de vision 3D et de réalité augmentée. Nous avons l’ambition de faire rentrer Aleria dans le 21ème siècle pour que ce site prenne toute la dimension qu’il mérite en Méditerranée et qu’il se connecte aussi avec la mise en valeur d’un territoire.
- C’est-à-dire ?
- Nous avons travaillé, il y a quelques semaines, avec la ComCom et la mairie pour la mise en valeur paysagère de tout le fort. Il faut penser à une vraie signalétique sur l’axe routier et à une vraie politique d’aménagement en termes de stationnement, mais aussi pour une meilleure vie des habitants du fortin. L’objectif est qu’ils soient partie prenante du projet et que ce projet ne soit pas confisqué à ceux qui vivent au quotidien près du site. Nous avons vraiment la volonté de travailler en commun avec les acteurs locaux parce que le site est une ressource pour le territoire.
- Quel est le niveau de fréquentation du site ?
- Aujourd’hui, la fréquentation est bonne, mais peut être améliorée, déjà sur le hors-saison, avec le public insulaire. On peut, également, désaisonnaliser et attirer des visiteurs sur une période beaucoup plus longue. C’est un objectif très important qui s’insère dans une perspective de tourisme durable, de valorisation de la culture et du patrimoine et de réappropriation par les Corses de leur propre histoire. Aleria est une richesse qui, jusqu’ici, n’a pas été exploitée à sa juste valeur. Cette ambition s’inscrit dans un projet plus global, une nouvelle politique totale des sites et musées de la Corse que j’aurai l’occasion de présenter en mai prochain à l’Assemblée de Corse.
- Quelle politique exactement ?
- Nous allons mettre en œuvre une vraie mise en réseau des musées de la Corse avec une nouvelle politique tarifaire, une logique de Pass et une façon de revisiter les collections qui sera liée au territoire. Des thématiques communes seront traitées par les musées à toutes les époques. Au musée de Corti, l’approche sera plus anthropologique et contemporaine. Au musée d’Aleria, elle cadrera avec la période. Comme au musée de Merusaglia, que nous avons, aussi, récupéré depuis un an avec la fusion des collectivités et où j’aurai l’occasion de présenter, dans quelques semaines, la nouvelle stratégie muséale. Notre politique se fonde vraiment sur une logique nouvelle, tournée vers les Corses et la réappropriation de notre patrimoine. Ce qui passe, d’abord, par une politique de médiation vis-à-vis des scolaires. Aujourd’hui, chaque enfant de l’île, au-delà de l’engagement de son enseignant, doit pouvoir, lors de son parcours scolaire, faire le tour des sites et musées de Corse. C’est vraiment, pour nous, un objectif à atteindre et un défi à relever.
- De quelle manière comptez-vous le relever ?
- L’enjeu de médiation et d’éducation est essentiel. Nous doterons de nouvelles mallettes pédagogiques l’ensemble des personnels chargés de la médiation. Nous déclinerons aussi une politique de communication vers les publics adultes pour inciter les Corses à venir redécouvrir leur patrimoine. Tout en développant, en même temps, une politique ouverte sur la Méditerranée et l’Europe. Nous serons, ce weekend, présents au salon Tourisma de Firenze en Toscane, un salon d’envergure internationale où se lient tourisme, patrimoine et culture. La Corse y aura un stand où nous avons choisi de présenter le site d’Aleria pour le faire mieux connaître. Nous participerons et animerons une table ronde. C’est très important en termes de visibilité. C’est, aussi, une opportunité de développer un réseau de tourisme culturel basé sur des atouts que nous avons à faire valoir et qui colle avec la feuille de route de l’ATC (Agence de tourisme de la Corse).
- Dans la lignée des itinéraires du programme GRITT ACCESS ?
- Oui ! GRITT ACCESS est un programme européen transfrontalier entre la Toscane, la Ligurie, la région PACA, la Corse et la Sardaigne, axé sur les tours littorales. Notre ambition est de développer des itinéraires en Corse qui lient tous les bâtis de notre passé. Pour cela, il faut aller sur les territoires pour voir comment y construire des itinéraires et comment lier ces territoires aux grands programmes européens qui nous permettent d’avoir une visibilité à un niveau euro-méditerranéen.
- Quels sont le coût et le calendrier de cette refonte ?
- L’investissement sur le musée et le site, hors acquisitions et aménagement, est d’environ un million d’euros par an. Le programme scientifique, qui sera présenté en mai, se projettera sur cinq ans. C’est la durée moyenne d’un programme scientifique pour un musée. Des réalisations seront immédiates, certaines sont déjà à l’œuvre. L’exposition de juin en fera la démonstration palpable. Les aménagements de la maison Rossi seront réalisés bien avant l’échéance des cinq ans. A Aleria, nous ferons vraiment la démonstration de ce qu’est un développement soutenable. A partir des ressources d’un territoire en termes patrimonial et culturel, nous valorisons. C’est de là que vient l’acceptabilité des choses. Nous travaillerons avec les entreprises locales et les acteurs de ce territoire pour, à partir de cette richesse exceptionnelle qu’est le site d’Aleria, avoir une logique de développement pour l’ensemble de la Plaine Orientale.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- J’ai présenté en novembre dernier à l’Assemblée de Corse un rapport qui a été adopté à l’unanimité et qui dessinait les premiers contours de la refonte totale du site d’Aleria. Une refonte autour de quatre axes. D’abord, la maîtrise et l’organisation du foncier. Nous avons fait un ensemble d’acquisitions, notamment les thermes de Santa Laurina. Ensuite, une politique de recherche sur Aleria à travers un grand programme transfrontalier avec l’Italie, qui regroupe près de 80 chercheurs et ouvre de nouvelles perspectives en resituant le site dans son axe méditerranéen. Egalement une politique de chantier avec de nouvelles fouilles. Nous savons qu’il y a autour du site des perspectives de découvertes exceptionnelles, notamment sur la période étrusque qui est très importante pour la Corse et qui aura un écho bien au-delà des frontières de notre île. Enfin, une mise en valeur totale du musée puisque l’exposition 2019, qui sera inaugurée en juin, dessinera vraiment le nouveau visage d’Aleria, celui d’Aleria Romaine.
- Pourquoi une telle refonte ?
- Nous avions, avant, la gestion du site archéologique. Avec la fusion des collectivités et la Collectivité unique, nous avons récupéré celle du musée. Nous allons, donc, créer le lien, qui n’existait pas, entre le site et le musée, et revoir le programme et l’aménagement du musée. Nous avons fait l’acquisition de la maison Rossi, située juste au début du site et qui deviendra un nouvel espace dédié à la médiation et à l’accueil du public. Cette politique d’acquisitions foncières doit créer une cohérence en termes d’aménagement, indispensable pour le développement d’un site d’une telle envergure. Nous avons, également, la volonté de revoir l’aménagement au niveau de l’amphithéâtre, de proposer une lecture différente du site avec une politique de visite virtuelle, de vision 3D et de réalité augmentée. Nous avons l’ambition de faire rentrer Aleria dans le 21ème siècle pour que ce site prenne toute la dimension qu’il mérite en Méditerranée et qu’il se connecte aussi avec la mise en valeur d’un territoire.
- C’est-à-dire ?
- Nous avons travaillé, il y a quelques semaines, avec la ComCom et la mairie pour la mise en valeur paysagère de tout le fort. Il faut penser à une vraie signalétique sur l’axe routier et à une vraie politique d’aménagement en termes de stationnement, mais aussi pour une meilleure vie des habitants du fortin. L’objectif est qu’ils soient partie prenante du projet et que ce projet ne soit pas confisqué à ceux qui vivent au quotidien près du site. Nous avons vraiment la volonté de travailler en commun avec les acteurs locaux parce que le site est une ressource pour le territoire.
- Quel est le niveau de fréquentation du site ?
- Aujourd’hui, la fréquentation est bonne, mais peut être améliorée, déjà sur le hors-saison, avec le public insulaire. On peut, également, désaisonnaliser et attirer des visiteurs sur une période beaucoup plus longue. C’est un objectif très important qui s’insère dans une perspective de tourisme durable, de valorisation de la culture et du patrimoine et de réappropriation par les Corses de leur propre histoire. Aleria est une richesse qui, jusqu’ici, n’a pas été exploitée à sa juste valeur. Cette ambition s’inscrit dans un projet plus global, une nouvelle politique totale des sites et musées de la Corse que j’aurai l’occasion de présenter en mai prochain à l’Assemblée de Corse.
- Quelle politique exactement ?
- Nous allons mettre en œuvre une vraie mise en réseau des musées de la Corse avec une nouvelle politique tarifaire, une logique de Pass et une façon de revisiter les collections qui sera liée au territoire. Des thématiques communes seront traitées par les musées à toutes les époques. Au musée de Corti, l’approche sera plus anthropologique et contemporaine. Au musée d’Aleria, elle cadrera avec la période. Comme au musée de Merusaglia, que nous avons, aussi, récupéré depuis un an avec la fusion des collectivités et où j’aurai l’occasion de présenter, dans quelques semaines, la nouvelle stratégie muséale. Notre politique se fonde vraiment sur une logique nouvelle, tournée vers les Corses et la réappropriation de notre patrimoine. Ce qui passe, d’abord, par une politique de médiation vis-à-vis des scolaires. Aujourd’hui, chaque enfant de l’île, au-delà de l’engagement de son enseignant, doit pouvoir, lors de son parcours scolaire, faire le tour des sites et musées de Corse. C’est vraiment, pour nous, un objectif à atteindre et un défi à relever.
- De quelle manière comptez-vous le relever ?
- L’enjeu de médiation et d’éducation est essentiel. Nous doterons de nouvelles mallettes pédagogiques l’ensemble des personnels chargés de la médiation. Nous déclinerons aussi une politique de communication vers les publics adultes pour inciter les Corses à venir redécouvrir leur patrimoine. Tout en développant, en même temps, une politique ouverte sur la Méditerranée et l’Europe. Nous serons, ce weekend, présents au salon Tourisma de Firenze en Toscane, un salon d’envergure internationale où se lient tourisme, patrimoine et culture. La Corse y aura un stand où nous avons choisi de présenter le site d’Aleria pour le faire mieux connaître. Nous participerons et animerons une table ronde. C’est très important en termes de visibilité. C’est, aussi, une opportunité de développer un réseau de tourisme culturel basé sur des atouts que nous avons à faire valoir et qui colle avec la feuille de route de l’ATC (Agence de tourisme de la Corse).
- Dans la lignée des itinéraires du programme GRITT ACCESS ?
- Oui ! GRITT ACCESS est un programme européen transfrontalier entre la Toscane, la Ligurie, la région PACA, la Corse et la Sardaigne, axé sur les tours littorales. Notre ambition est de développer des itinéraires en Corse qui lient tous les bâtis de notre passé. Pour cela, il faut aller sur les territoires pour voir comment y construire des itinéraires et comment lier ces territoires aux grands programmes européens qui nous permettent d’avoir une visibilité à un niveau euro-méditerranéen.
- Quels sont le coût et le calendrier de cette refonte ?
- L’investissement sur le musée et le site, hors acquisitions et aménagement, est d’environ un million d’euros par an. Le programme scientifique, qui sera présenté en mai, se projettera sur cinq ans. C’est la durée moyenne d’un programme scientifique pour un musée. Des réalisations seront immédiates, certaines sont déjà à l’œuvre. L’exposition de juin en fera la démonstration palpable. Les aménagements de la maison Rossi seront réalisés bien avant l’échéance des cinq ans. A Aleria, nous ferons vraiment la démonstration de ce qu’est un développement soutenable. A partir des ressources d’un territoire en termes patrimonial et culturel, nous valorisons. C’est de là que vient l’acceptabilité des choses. Nous travaillerons avec les entreprises locales et les acteurs de ce territoire pour, à partir de cette richesse exceptionnelle qu’est le site d’Aleria, avoir une logique de développement pour l’ensemble de la Plaine Orientale.
Propos recueillis par Nicole MARI.
Josepha Giacometti, Conseillère exécutive en charge de la culture, du patrimoine, de l’éducation et de la recherche, devant le musée d'Aleria.