A quelques heures d’un proche Conseil de surveillance alors que les discussions, dans le cadre des dispositions arrêtées à la fin du dernier conflit, n’ont pas commencé, le PDG de Veolia affiche une nouvelle fois son cynisme : alors que le groupe réalise 151 millions d’euros de bénéfice net sur 6 mois, il « ne remettra pas un euro » pour la SNCM. Cela ressort d’un article paru ce jour dans la Tribune.
« Pour mieux indemniser les salariés qui devront partir à la fin », avait-il dit en juillet, en regrettant le moratoire de quatre mois, il fallait placer la SNCM en redressement judiciaire. Ainsi, le PDG de Véolia rassure ses actionnaires d’une part en annonçant un chiffre d’affaire de 11,2 milliards d’euros et quelques dividendes à verser, d’autre part en excluant d’assumer son rôle d’actionnaire principal de la SNCM.
Toutefois, le ministre Cuvillier, écarté du gouvernement depuis, a expliqué lors de son dernier voyage en Corse le 22 aout que « tout était fait pour pérenniser la SNCM ». Les organisations syndicales des marins officiers et sédentaires le réclament d’autant plus légitimement que la compagnie est garantie, par l’attribution de la DSP sur 10 ans par la Collectivité Territoriale de Corse, d’une compensation financière de 600 millions d’euros versée pour l’exécution du service public de continuité territoriale. La CMN percevra, elle, 400 millions d’euros.
Ainsi la procédure collective au Tribunal de commerce ne vise pas à protéger la SNCM des risques prétendument mortels relatifs au recouvrement des amendes « anti-service public » de Bruxelles mais bien à dégraisser lourdement pour réduire le périmètre de la DSP et ramener le montant de cette compensation financière sous les 70 millions d’euros annuels.
Hier, le Premier ministre était applaudi à tout rompre par le MEDEF après leur avoir tenu le discours à Chimène. Le PDG de Veolia comme son collègue Janaillac ont sans doute été de la partie.
Les salariés ont cependant gagné, avant que des ailes ne leur poussent hier, le décret Cuvillier de réglementation du cabotage, qui doit conforter l’exigence de mettre un terme au dumping social et à la concurrence déloyale exercée par la compagnie low cost Corsica Ferries au détriment des deux compagnies CMN et SNCM sous pavillon national 1er registre.
Véolia, qui tire ses bénéfices de nombreuses délégations de service public ne saurait s'affranchir de ses responsabilités en précipitant la compagnie et des milliers d’emplois dans une procédure de liquidation rampante. La juste bataille pour pérenniser la SNCM se poursuit.