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Travailleurs pauvres : En Corse, 12 % des ménages vivent avec moins de 1 150 € par mois


VL le Jeudi 5 Décembre 2024 à 13:08

Avec 12 % de ses ménages actifs vivant sous le seuil de pauvreté, la Corse affiche le deuxième taux le plus élevé de France métropolitaine, révèle une étude de l’Insee publiée ce jeudi 5 décembre. Derrière ces chiffres se cachent des salaires modestes, des emplois précaires et une forte charge familiale.



Photo d'illustration
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Avoir un emploi ne garantit pas toujours de vivre décemment. C’est particulièrement vrai en Corse, où, selon une étude de l'iNSEE publiée ce jeudi, en 2021, 12 % des ménages dont le travail est la principale source de revenus vivaient sous le seuil de pauvreté, fixé à 1 150 € par mois. Ce chiffre, nettement supérieur à la moyenne nationale de 10 %, place l’île en deuxième position des régions métropolitaines les plus touchées, juste derrière l’Occitanie.

Pour ces foyers insulaires, les revenus issus du travail sont particulièrement faibles. En moyenne, un ménage pauvre perçoit 1 060 € par mois et par UC, contre 3 970 € pour les autres ménages actifs. La moitié des travailleurs pauvres corses dispose même de moins de 940 € par mois. Ces écarts s’expliquent par des contrats précaires (CDD, temps partiels) et des rémunérations horaires modestes, qui réduisent drastiquement les ressources disponibles.

Les familles, premières victimes
Les ménages avec enfants, et plus encore les familles monoparentales, sont en première ligne. "La pauvreté est particulièrement fréquente dans ces familles, où 20 % des ménages actifs vivent sous le seuil de pauvreté", précise l’étude. Au total, 27 % des travailleurs pauvres sont des couples avec enfants et 25 % des familles monoparentales.

Les disparités touchent également les sexes : les hommes vivant seuls sont plus souvent pauvres que les femmes (14 % contre 11 %), et l’intensité de leur pauvreté est également plus marquée.

Des écarts marqués selon les territoires
La géographie insulaire accentue les inégalités. En Haute-Corse, les zones rurales comme l’Oriente affichent un taux de pauvreté record : 20 % des ménages de travailleurs y vivent sous le seuil de pauvreté. "Cette proportion s’explique par un emploi porté par l’agriculture, où les salaires sont plus faibles et les contrats souvent courts."

Les zones touristiques comme la Balagne ne sont pas épargnées, notamment en raison des nombreux emplois saisonniers. À L’Île-Rousse-Balagne, 18 % des ménages actifs vivent dans la pauvreté. En revanche, les intercommunalités urbaines et leurs périphéries, comme Ajaccio ou la Piève de l’Ornano, s’en sortent mieux grâce à des emplois qualifiés et souvent à temps plein.

L’amortisseur social
Les aides sociales jouent un rôle clé dans la lutte contre cette précarité. En Corse, elles représentent 26 % des revenus disponibles des travailleurs pauvres, contre seulement 4 % pour les autres ménages actifs. Ces prestations incluent notamment les allocations familiales, les aides au logement et les minima sociaux.

L’impact est significatif : sans ces aides, le taux de pauvreté grimperait de cinq points, passant de 12 % à 17 %. Cependant, même avec ce soutien, les ménages pauvres doivent se contenter d’un revenu disponible moyen de 1 400 € par UC, contre 3 890 € pour les autres.

Une fiscalité allégée, mais insuffisante
Avec des revenus plus modestes, les travailleurs pauvres sont également moins imposés : en moyenne, ils paient 140 € d’impôts directs par mois, contre 730 € pour les autres ménages actifs. Pourtant, cet allègement fiscal ne suffit pas, selon l'étude, à compenser leur faible niveau de vie.