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Violences faites aux femmes : en Haute-Corse 421 victimes entre janvier et septembre 2024


Andrea Petitjean le Lundi 25 Novembre 2024 à 09:14

Le 25 novembre marque la Journée Internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. En Haute-Corse, les chiffres des victimes de violences conjugales continuent de grimper, même si des dispositifs d'accompagnement existent pour soutenir les victimes.



Un de portraits de la grande opération de collage nocturne  "Quì Dinò !" de 2023 © LH
Un de portraits de la grande opération de collage nocturne "Quì Dinò !" de 2023 © LH
En Haute-Corse, de janvier à septembre 2024, déjà 421 victimes de violences conjugales ont été recensées, un chiffre encore très élevé qui illustre l'ampleur du problème malgré les efforts des associations et des pouvoirs publics. "595 victimes de violences conjugales ont été enregistrées en 2023 en Haute-Corse, soit une augmentation de 23,2 % par rapport à l'année précédente, et cette année de janvier à septembre  on compte déjà 421 victimes de violences conjugales", explique Laureline Roux, déléguée départementale aux droits des femmes et à l’égalité entre les sexes. "Cette hausse peut être expliquée par un contexte sociétal marqué par des mouvements comme #MeToo, qui ont permis une libération de la parole et encouragé davantage de victimes à se manifester et à chercher du soutien." Depuis 2023, une réforme législative permet également aux victimes de signaler les faits sans avoir à porter plainte pour que l'affaire soit traitée par la justice, ce qui explique en partie cette augmentation des chiffres.

Des dispositifs pour aider les victimes
Pour aider les femmes victimes de violences, plusieurs dispositifs ont été mis en place en Haute-Corse afin de mieux les accompagner. Selon Laureline Roux, la Corse bénéficie d'un réseau de soutien solide, bien que la lutte contre les violences conjugales reste un défi complexe. "La Corse dispose de plusieurs structures pour soutenir les femmes victimes de violences. Les forces de police et de gendarmerie, formées à l’accueil des victimes, ont des outils spécifiques pour évaluer la situation", précise-t-elle.

Parmi ces structures on a le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) est un acteur clé de l’accompagnement des victimes. Cette année, le CIDFF a enregistré 130 femmes accompagnées, un chiffre en hausse par rapport à l’année précédente. Marie-Pierre Finalteri, directrice du CIDFF, souligne la nécessité d’un accompagnement global et personnalisé : "Nous offrons un soutien pluridisciplinaire : des informations juridiques, du soutien psychologique et des aides pratiques, comme la recherche de logement ou l’accompagnement vers l’autonomie sociale et professionnelle." Le travail du CIDFF va au-delà de l’aspect juridique. "Chaque situation est unique, et nous mettons un point d'honneur à ce que les femmes aient accès aux ressources nécessaires pour reconstruire leur vie, que ce soit pour elles-mêmes ou pour leurs enfants", explique Marie-Pierre Finalteri.

Parmi les initiatives récentes, le CIDFF a lancé un accueil de jour pour les femmes victimes de violences, un dispositif unique en Haute-Corse. Ce service, qui sera inauguré dans les prochaines semaines, permet aux femmes de venir se reposer, de recevoir des conseils juridiques et de bénéficier d’un soutien psychologique, tout en récupérant des documents administratifs souvent perdus lors des violences. "L'objectif est d’offrir un point de repos et de préparation avant que les femmes ne prennent la décision de partir, tout en leur fournissant les ressources nécessaires pour leur réinsertion", précise la directrice.

Les défis liés à la ruralité
Malgré les efforts déployés, la géographie particulière de la Corse complique l’accès aux services pour certaines victimes. "La ruralité représente un vrai défi, notamment dans les zones éloignées de Bastia. L'accès aux services y est plus difficile, et il reste encore des efforts à faire pour étendre les solutions d'hébergement d’urgence dans ces zones", admet Marie-Pierre Finalteri.

Pour remédier à cette situation, des permanences rurales sont organisées par des associations locales dans plusieurs régions de l'île. Toutefois, la disponibilité des places d’hébergement reste limitée et concentrée autour de la région bastiaise, ce qui oblige les femmes des zones rurales à parcourir de longues distances pour accéder aux ressources nécessaires.

Sensibilisation et prévention : une priorité
La sensibilisation reste un axe majeur de la lutte contre les violences faites aux femmes en Corse. À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, plusieurs événements sont organisés tout au long de la semaine pour informer et sensibiliser le public. Le CIDFF a ainsi prévu une série de rencontres dans différents lieux de l’île, dont une matinée de sensibilisation au lycée Paul-Vincensini de Montesoro le 26 novembre, ainsi qu’un village itinérant à Luri, Corte et l'Ile-Rousse les 27, 28 et 29 novembre. "Ces actions visent à rappeler aux victimes qu’elles ne sont pas seules, qu’elles ont des ressources à leur disposition, et à encourager la solidarité autour de ce combat. Au CIDFF, nous sommes là pour les victimes avant, pendant, et après.", explique Marie-Pierre Finalteri.

Le CIDFF est disponible 24 heures/24 au numéro vert 0800 400 235.