Messe et procession de Saint Pancacre, le 12 mai, lors de la San Branca à Castellare-di-Casinca. Photo CNI.
- La dévotion pour les Saints est ancienne en Corse. A quand remontent les premiers témoignages ?
- Les premiers Saints du diocèse corse, Julie, Dévote et Restitude, remontent, selon la tradition, au 1er siècle de notre ère. Certains situent le martyr de Dévote en 202 sous Septime Sévère, celui de Julie en 303 ou plus tard au début du Ve siècle. Restitude jouit d’une très grande popularité locale, mais on a très peu de données historiques sur sa vie. Probablement, était-elle la même que celle qui était anciennement patronne de la cathédrale de Naples, puisque sa tête est à Naples et une partie de son corps à la paroisse de Calenzana, notamment son fémur que l’on a retrouvé en 1951. Les martyrs ont très certainement fait l’objet d’un culte.
- Cela signifie-t-il que, dès le 1er siècle après Jésus-Christ, la Corse était déjà christianisée et les Saints fêtés ?
- Oui ! La Corse a été christianisée très tôt. Elle faisait partie du diocèse civil de Rome sous les empereurs, les premières communautés chrétiennes sont donc apparues très tôt. Les évêchés sont venus plus tard, mais ils ne sont que des structures administratives. L’église, ce n’est pas que de l’administratif. Le christianisme a pénétré très tôt en Corse, mais s’est imposé lentement dans l’intérieur. Il faut vraiment attendre le XVIIe siècle pour que toutes les vocations, qui occupent les 60 couvents de Corse, soient des autochtones. Pendant longtemps, on faisait venir des moines d’Italie parce qu’à ce moment-là, la France, il n’en était pas encore question. Les Capucins, par exemple, qui se sont développés au XVIe siècle et sont restés dans l’île pendant 100 ans, n’ont pas de vocations corses, mais des vocations qui venaient de terre ferme. À partir du XVIIe siècle, la tendance s’inverse. Plus besoin de faire appel à l’extérieur, parce qu’il y a un certain nombre de jeunes qui veulent se faire frère, fraté comme on dit.
- Comment se déroule le culte des Saints martyrs à cette époque ?
- On peut le savoir par regroupement avec Rome où l’on célébrait l’eucharistie, la messe sur le tombeau des martyrs. Au VIIIème siècle, les reliques ont été transférées hors de Corse pour les mettre à l’abri des invasions sarrazines. Par exemple, le corps de Sainte Julie a été transféré à Breccia en Italie où il est toujours d’ailleurs. La paroisse de Nonza n’a gardé que quelques reliques, des morceaux de l’épine dorsale. Saint-Florent est parti en Italie, l’évêque de Trévise est venu le chercher. Aujourd’hui, le corps de Saint-Florent n’est pas celui que l’on voit dans la cathédrale du Nebbiu, et qui a donné son nom à la ville et au golfe. Le Saint-Florent historique est à Trévise. Sainte Dévote est à Monaco. Elle jouit d’un culte toujours très vivant en principauté, ce qui fait qu’on en parle encore. Les autres, comme Saint-Florent, sont un peu tombés dans l’oubli. Tant qu’il y a eu du monde dans le Cap Corse, la fête de Sainte Julie était encore célébrée. Nonza est une toute petite localité et il y a moins de monde que par le passé, hélas. On n’a cependant jamais perdu le souvenir de ces Saints. D’autres se sont ajoutés à une époque plus récente, comme par exemple, Saint Alexandre Sauli qui a été appelé l’apôtre de la Corse. Il n’était pas corse, il venait de Gènes et avait grandi à Milan. Il a été évêque d’Aleria de 1570 à 1591. Il a mené une pastorale dans une Corse où tous les villages étaient difficiles d’accès. Dans certains endroits, il fallait marcher à quatre pattes dans les sentiers rocailleux, mais il allait quand même dans les villages visiter ses brebis. La Corse a toujours été un pays difficile d’accès, très pauvre aussi. C’était un pays de bergers qui vivaient à l’intérieur des terres.
- Comment expliquez-vous qu’il y ait eu autant de martyrs et de reliques sur une petite île comme la Corse ?
- Les reliques pour les communautés chrétiennes étaient des trésors, comme les livres liturgiques à une époque où l’impression n’existait pas et où les manuscrits étaient recopiés à la main. Au Ve siècle, une vague d’évêques d’Afrique du Nord a été déportée en Corse, ces évêques ont emmené avec eux les reliques et les livres liturgiques de leurs églises, au moins les fascicules qu’ils devaient utiliser pour la célébration des sacrements. Cela faisait partie de ce qui était vraiment le cœur de ces communautés chrétiennes qui se transmettaient précieusement ces trésors, autant que les vases sacrés.
- Les premiers Saints du diocèse corse, Julie, Dévote et Restitude, remontent, selon la tradition, au 1er siècle de notre ère. Certains situent le martyr de Dévote en 202 sous Septime Sévère, celui de Julie en 303 ou plus tard au début du Ve siècle. Restitude jouit d’une très grande popularité locale, mais on a très peu de données historiques sur sa vie. Probablement, était-elle la même que celle qui était anciennement patronne de la cathédrale de Naples, puisque sa tête est à Naples et une partie de son corps à la paroisse de Calenzana, notamment son fémur que l’on a retrouvé en 1951. Les martyrs ont très certainement fait l’objet d’un culte.
- Cela signifie-t-il que, dès le 1er siècle après Jésus-Christ, la Corse était déjà christianisée et les Saints fêtés ?
- Oui ! La Corse a été christianisée très tôt. Elle faisait partie du diocèse civil de Rome sous les empereurs, les premières communautés chrétiennes sont donc apparues très tôt. Les évêchés sont venus plus tard, mais ils ne sont que des structures administratives. L’église, ce n’est pas que de l’administratif. Le christianisme a pénétré très tôt en Corse, mais s’est imposé lentement dans l’intérieur. Il faut vraiment attendre le XVIIe siècle pour que toutes les vocations, qui occupent les 60 couvents de Corse, soient des autochtones. Pendant longtemps, on faisait venir des moines d’Italie parce qu’à ce moment-là, la France, il n’en était pas encore question. Les Capucins, par exemple, qui se sont développés au XVIe siècle et sont restés dans l’île pendant 100 ans, n’ont pas de vocations corses, mais des vocations qui venaient de terre ferme. À partir du XVIIe siècle, la tendance s’inverse. Plus besoin de faire appel à l’extérieur, parce qu’il y a un certain nombre de jeunes qui veulent se faire frère, fraté comme on dit.
- Comment se déroule le culte des Saints martyrs à cette époque ?
- On peut le savoir par regroupement avec Rome où l’on célébrait l’eucharistie, la messe sur le tombeau des martyrs. Au VIIIème siècle, les reliques ont été transférées hors de Corse pour les mettre à l’abri des invasions sarrazines. Par exemple, le corps de Sainte Julie a été transféré à Breccia en Italie où il est toujours d’ailleurs. La paroisse de Nonza n’a gardé que quelques reliques, des morceaux de l’épine dorsale. Saint-Florent est parti en Italie, l’évêque de Trévise est venu le chercher. Aujourd’hui, le corps de Saint-Florent n’est pas celui que l’on voit dans la cathédrale du Nebbiu, et qui a donné son nom à la ville et au golfe. Le Saint-Florent historique est à Trévise. Sainte Dévote est à Monaco. Elle jouit d’un culte toujours très vivant en principauté, ce qui fait qu’on en parle encore. Les autres, comme Saint-Florent, sont un peu tombés dans l’oubli. Tant qu’il y a eu du monde dans le Cap Corse, la fête de Sainte Julie était encore célébrée. Nonza est une toute petite localité et il y a moins de monde que par le passé, hélas. On n’a cependant jamais perdu le souvenir de ces Saints. D’autres se sont ajoutés à une époque plus récente, comme par exemple, Saint Alexandre Sauli qui a été appelé l’apôtre de la Corse. Il n’était pas corse, il venait de Gènes et avait grandi à Milan. Il a été évêque d’Aleria de 1570 à 1591. Il a mené une pastorale dans une Corse où tous les villages étaient difficiles d’accès. Dans certains endroits, il fallait marcher à quatre pattes dans les sentiers rocailleux, mais il allait quand même dans les villages visiter ses brebis. La Corse a toujours été un pays difficile d’accès, très pauvre aussi. C’était un pays de bergers qui vivaient à l’intérieur des terres.
- Comment expliquez-vous qu’il y ait eu autant de martyrs et de reliques sur une petite île comme la Corse ?
- Les reliques pour les communautés chrétiennes étaient des trésors, comme les livres liturgiques à une époque où l’impression n’existait pas et où les manuscrits étaient recopiés à la main. Au Ve siècle, une vague d’évêques d’Afrique du Nord a été déportée en Corse, ces évêques ont emmené avec eux les reliques et les livres liturgiques de leurs églises, au moins les fascicules qu’ils devaient utiliser pour la célébration des sacrements. Cela faisait partie de ce qui était vraiment le cœur de ces communautés chrétiennes qui se transmettaient précieusement ces trésors, autant que les vases sacrés.
L'abbé Serge Casanova, curé des paroisses de Saint-Paul de Toga et de Ville-di-Pietrabugnu. Photo CNI.
- La Corse est une terre franciscaine. Ce culte des Saints a-t-il pris une autre ampleur avec l’arrivée des premiers moines franciscains ?
- Deux thèses s’affrontent concernant l’arrivée des moines franciscains en Corse. Les chroniqueurs corses du XVIIe siècle disent que les Franciscains sont arrivés au XIIIe siècle, soit très peu de temps après la mort de Saint-François en 1226. En 2026, on va célébrer les 800 ans de sa mort. Les premiers Franciscains seraient donc venus entre 1236 et 1250. Aujourd’hui, des chercheurs corses, comme Alain Venturinu, directeur des archives départementales d’Ajaccio, ou Antoine Franzini, plaident pour une datation plus basse, c’est-à-dire, un siècle plus tard vers 1331-1332. Les Saints ont accompagné la marche de cette histoire religieuse de la Corse.
- Y a-t-il eu des Saints corses ?
- Sainte Dévote, d’après la tradition orale, est native de Querci, hameau de Lucciana. Il y a un accord à peu près unanime pour dire qu’elle serait Corse. Le seul Saint corse des temps modernes, canonisé selon les règles de l’art, c’est Théophile de Corte. Il s’appelait Biasgiu (Blaise) de Signori. D’autres Corses sont restés en lice, mais n’ont pas encore été canonisés selon les règles officielles de l’Eglise : Franceschinu de Ghisoni, né François-Marie Mucchielli, qui est né en 1777 et qui est mort en 1832 à Civitella en Italie. Son corps repose en Toscane. Il y a surtout Bernardin Alberti de Calenzana qui est né en 1591 et qui est mort en 1653. Il a fait énormément de miracles, mais malgré son immense popularité, on n’a pas réussi à le canoniser parce qu’au moment où l’on instruisait le procès, il y a eu les guerres d’indépendance. La Corse était en proie à la révolte contre Gênes, ce qui a ajourné le procès. Ensuite, il y a eu la Révolution française, puis l’Empire, et le dossier n’a pas été repris.
- Certains Saints font l’objet d’une dévotion particulière en Corse. Par exemple, Saint Antoine de Padoue ou Sainte Rita. Comment l’expliquez-vous ?
- A côté des Saints locaux étroitement liés à la Corse, il y a aussi des Saints qui n’ont pas vécu et ne sont pas venus en Corse, mais qui ont une affinité spirituelle avec les Corses. Saint-Antoine de Padoue en est un très bon exemple. Les Franciscains ont introduit son culte et ce Saint est devenu très populaire. Sa statue est dans toutes les églises. Dans beaucoup d’endroits, on célèbre encore sa fête, le 13 juin. Monseigneur Rodié, qui était évêque entre 1927 et 1938, disait qu’en Corse, on aimait plus Saint-Antoine que le Bon Dieu. C’était une boutade, mais il constatait qu’à son époque, la ferveur était très forte pour Saint-Antoine de Padoue qui jouissait d’une immense popularité. Il y a aussi eu des martyrs romains comme Saint Pancrace, patron des bergers. Il est mort à Rome en 304. Sa fête était célébrée par les bergers et les bandits corses. Spada, le dernier bandit, avait toujours sur lui l’image de Saint Pancrace. Le culte de Sainte Rita est plus récent. Il est venu avec le XXe siècle. C’est la Sainte des causes désespérées. Elle est très proche du petit peuple. Des gens, qui se sont battus, mais qui n’arrivent à rien par eux-mêmes, ont recours à l’intercession de Sainte Rita. Et il y a surtout la Vierge Marie qui est une Sainte universelle, très aimée et très priée de tous temps en Corse.
- Ce culte des Saints reste encore très vivace, mais tient-il plus aujourd’hui du culturel que du cultuel ?
- L’aspect culturel et l’aspect cultuel ont toujours été mélangés depuis le Moyen Âge. Jusqu’à une époque récente, on était Corse et Chrétien, les deux choses étaient intimement liées. Le culte, aujourd’hui, est lié à l’évangélisation que l’Eglise de Corse mène. Si la foi n’est pas annoncée, ce culte deviendra culturel et ira en régressant. Si la foi est annoncée et vécue, il demeurera éminemment cultuel, comme il l’était auparavant. Le culte des Saints est en rapport avec l’Évangile. Si l’Évangile est peu connu et peu vécu, il en sera de même pour le culte des Saints. Ce n’est pas un culte qui peut tenir par lui-même. Il tient parce qu’il est connecté à l’annonce de la bonne nouvelle, de l’Évangile, que doivent faire les membres de l’Eglise, c’est-à-dire les prêtres, les diacres et les chrétiens engagés. C’est à eux de témoigner de leur foi pour que les autres aient encore confiance et aient recours à l’intercession des Saints.
- La foi évolue. N’a-t-on pas aujourd’hui plus directement recours à La Vierge, au Christ ou à Dieu plutôt qu’aux Saints ?
- Il y avait, dans le culte des Saints, un phénomène qui a disparu avec le développement de la médecine. Avant, on s’adressait aux Saints pour obtenir la guérison de certains maux. Les Saints avaient chacun leurs spécialités. On invoquait Saint Érasme pour les maux d’entrailles, Saint-Georges pour la dartre. On invoquait Sainte-Marguerite pour les femmes en couche. Avec la modernité et le développement de la médecine, on a appris à se soigner autrement que par l’invocation des Saints. Ceci dit, l’Évangile a un contenu immuable. On ne change pas le cœur de la Révélation pour en faire quelque chose de plus actuel. Le contenu de la foi est un, il nous vient de Jésus Jésus-Christ. Il est accueilli et vécu par telle ou telle génération. Si des générations se détournent du christianisme pour adopter l’Islam ou le Bouddhisme, c’est sûr que cela affaiblira d’autant la foi chrétienne, pas seulement en Corse, mais en Europe. Si la foi diminue, la dévotion au Saints ira aussi en diminuant.
Propos recueillis par Nicole MARI.
- Deux thèses s’affrontent concernant l’arrivée des moines franciscains en Corse. Les chroniqueurs corses du XVIIe siècle disent que les Franciscains sont arrivés au XIIIe siècle, soit très peu de temps après la mort de Saint-François en 1226. En 2026, on va célébrer les 800 ans de sa mort. Les premiers Franciscains seraient donc venus entre 1236 et 1250. Aujourd’hui, des chercheurs corses, comme Alain Venturinu, directeur des archives départementales d’Ajaccio, ou Antoine Franzini, plaident pour une datation plus basse, c’est-à-dire, un siècle plus tard vers 1331-1332. Les Saints ont accompagné la marche de cette histoire religieuse de la Corse.
- Y a-t-il eu des Saints corses ?
- Sainte Dévote, d’après la tradition orale, est native de Querci, hameau de Lucciana. Il y a un accord à peu près unanime pour dire qu’elle serait Corse. Le seul Saint corse des temps modernes, canonisé selon les règles de l’art, c’est Théophile de Corte. Il s’appelait Biasgiu (Blaise) de Signori. D’autres Corses sont restés en lice, mais n’ont pas encore été canonisés selon les règles officielles de l’Eglise : Franceschinu de Ghisoni, né François-Marie Mucchielli, qui est né en 1777 et qui est mort en 1832 à Civitella en Italie. Son corps repose en Toscane. Il y a surtout Bernardin Alberti de Calenzana qui est né en 1591 et qui est mort en 1653. Il a fait énormément de miracles, mais malgré son immense popularité, on n’a pas réussi à le canoniser parce qu’au moment où l’on instruisait le procès, il y a eu les guerres d’indépendance. La Corse était en proie à la révolte contre Gênes, ce qui a ajourné le procès. Ensuite, il y a eu la Révolution française, puis l’Empire, et le dossier n’a pas été repris.
- Certains Saints font l’objet d’une dévotion particulière en Corse. Par exemple, Saint Antoine de Padoue ou Sainte Rita. Comment l’expliquez-vous ?
- A côté des Saints locaux étroitement liés à la Corse, il y a aussi des Saints qui n’ont pas vécu et ne sont pas venus en Corse, mais qui ont une affinité spirituelle avec les Corses. Saint-Antoine de Padoue en est un très bon exemple. Les Franciscains ont introduit son culte et ce Saint est devenu très populaire. Sa statue est dans toutes les églises. Dans beaucoup d’endroits, on célèbre encore sa fête, le 13 juin. Monseigneur Rodié, qui était évêque entre 1927 et 1938, disait qu’en Corse, on aimait plus Saint-Antoine que le Bon Dieu. C’était une boutade, mais il constatait qu’à son époque, la ferveur était très forte pour Saint-Antoine de Padoue qui jouissait d’une immense popularité. Il y a aussi eu des martyrs romains comme Saint Pancrace, patron des bergers. Il est mort à Rome en 304. Sa fête était célébrée par les bergers et les bandits corses. Spada, le dernier bandit, avait toujours sur lui l’image de Saint Pancrace. Le culte de Sainte Rita est plus récent. Il est venu avec le XXe siècle. C’est la Sainte des causes désespérées. Elle est très proche du petit peuple. Des gens, qui se sont battus, mais qui n’arrivent à rien par eux-mêmes, ont recours à l’intercession de Sainte Rita. Et il y a surtout la Vierge Marie qui est une Sainte universelle, très aimée et très priée de tous temps en Corse.
- Ce culte des Saints reste encore très vivace, mais tient-il plus aujourd’hui du culturel que du cultuel ?
- L’aspect culturel et l’aspect cultuel ont toujours été mélangés depuis le Moyen Âge. Jusqu’à une époque récente, on était Corse et Chrétien, les deux choses étaient intimement liées. Le culte, aujourd’hui, est lié à l’évangélisation que l’Eglise de Corse mène. Si la foi n’est pas annoncée, ce culte deviendra culturel et ira en régressant. Si la foi est annoncée et vécue, il demeurera éminemment cultuel, comme il l’était auparavant. Le culte des Saints est en rapport avec l’Évangile. Si l’Évangile est peu connu et peu vécu, il en sera de même pour le culte des Saints. Ce n’est pas un culte qui peut tenir par lui-même. Il tient parce qu’il est connecté à l’annonce de la bonne nouvelle, de l’Évangile, que doivent faire les membres de l’Eglise, c’est-à-dire les prêtres, les diacres et les chrétiens engagés. C’est à eux de témoigner de leur foi pour que les autres aient encore confiance et aient recours à l’intercession des Saints.
- La foi évolue. N’a-t-on pas aujourd’hui plus directement recours à La Vierge, au Christ ou à Dieu plutôt qu’aux Saints ?
- Il y avait, dans le culte des Saints, un phénomène qui a disparu avec le développement de la médecine. Avant, on s’adressait aux Saints pour obtenir la guérison de certains maux. Les Saints avaient chacun leurs spécialités. On invoquait Saint Érasme pour les maux d’entrailles, Saint-Georges pour la dartre. On invoquait Sainte-Marguerite pour les femmes en couche. Avec la modernité et le développement de la médecine, on a appris à se soigner autrement que par l’invocation des Saints. Ceci dit, l’Évangile a un contenu immuable. On ne change pas le cœur de la Révélation pour en faire quelque chose de plus actuel. Le contenu de la foi est un, il nous vient de Jésus Jésus-Christ. Il est accueilli et vécu par telle ou telle génération. Si des générations se détournent du christianisme pour adopter l’Islam ou le Bouddhisme, c’est sûr que cela affaiblira d’autant la foi chrétienne, pas seulement en Corse, mais en Europe. Si la foi diminue, la dévotion au Saints ira aussi en diminuant.
Propos recueillis par Nicole MARI.
Procession de nuit de la statue et des reliques de Sainte Restitude le 21 mai à Calenzana. Photo CNI.