- Dustin vient de remporter le prix du meilleur court métrage international au Festival de Toronto (TIFF). Parlez-nous du projet…
- Nous sommes très fiers de ce film. C'est un petit bijou. Dustin c'est la fin d'une histoire d'amour entre une jeune femme transgenre et son copain à laquelle on assiste au cours d'une très longue nuit de fête, dans un Paris que l’on connaît peu. Et c'est aussi un film de bande. Naïla [Guiguet, la réalisatrice, NDLR] est diplômée de la Femis en scénario. C’est d'ailleurs sa principale activité jusqu’à aujourd’hui. Elle coécrit beaucoup. Elle a notamment travaillé sur les prochains longs métrages d’Arnaud Desplechin, Catherine Corsini (dont une partie se tourne en Corse), Louis Garrel, Thomas Salvador et Benjamin Crotty. Elle est forte, très forte. Dynamique. Avant d'être scénariste, elle est djette et l'une des fondatrices des soirées Possession. Ce sont des soirées techno LGBTQI+ qui réunissent chaque mois, depuis pas mal de temps, des milliers de jeunes franciliens. Ils viennent célébrer la musique et la vie dans des safe spaces qui se tiennent dans d'immenses hangars désaffectés. Ce sont des soirées assez impressionnantes qui peuvent contenir jusqu'à 5/6000 personnes et qui se déroulent de minuit jusqu'à midi. C'est dans une de celles-ci que nous avons tourné Dustin. Naïla a filmé son univers, ce qu'elle connaît très bien, et ce qui, à notre sens, est trop absent des écrans de cinéma. La bande de comédien.n.e.s du film sont ses amis proches, elle les connait depuis presque quinze ans.
Avant ce prix à Toronto, le film a été « labélisé » Cannes, dans la section parallèle de La Semaine de la Critique. Déjà une marque de reconnaissance ?
- Lou Chicoteau, mon associée, et moi-même sommes tellement heureux. La Semaine de la Critique était l'endroit parfait pour démarrer la carrière du film. C’est la seule section à tenir un accompagnement assidu tout au long de l'année, à porter les films retenus à bout de bras dans divers événement en France et à l'étranger. C'est un plus. Ils accompagnent même au travers du programme « Next Step » les projets de premier long en développement des auteurs retenus avec leur court. Ce label a été une rampe de lancement et maintenant, le film commence à beaucoup tourner. Il vient de remporter le grand prix à Toronto, il est actuellement présenté au San Sebastian film festival puis va poursuivre sa vie en compétition au Curtas Vila do Conde International Film Festival, au Festival Européen du Film Court de Brest, au FIFIB (Festival International du Film Indépendant de Bordeaux). Les parisiens pourront le découvrir à la Cinémathèque française à l’occasion de la reprise de Semaine de la Critique (lire plus bas).
- Maintenant que Dustin est bien lancé, vous avez d’autres projets ? Peut-être en Corse ?
- Oui bien sûr. La Corse reste et restera toujours mon île. J'y ai grandi. C'est elle qui m'a fait. Je suis attentif à tout ce qui s'y passe. Je partage d’ailleurs mon temps entre ici et Paris, métier oblige ! Nous avons effectivement plusieurs projets avec Alta Rocca films. Nous travaillons sur le prochain court de Frédéric Farrucci. Un film de genre, un survival. L'histoire d'un berger de l'Extrême Sud que l'on veut chasser de son exploitation établie sur le littoral. Un film très politique mais dont le récit s'enchâsse dans du genre. Ça va être super. On devait tourner cet été mais avec la période, ça ne calait pas. C’est reporté mais surtout pas abandonné !
Nous avons terminé cet été le film de Benoit Bouthors, dont nous avions produit le précédent court (Diqua dai monti - En deçà des monts), un film qui avait beaucoup tourné sur l'île et sur le continent. Le prochain est une comédie d'été, tournée au bord de la rivière à Corte. Benoît continue son travail d'exploration minutieuse du territoire au travers de sa jeunesse. Il travaille avec la même bande de jeunes qui jouaient dans son précédent film, dont Louis Memmi et Nicolas Luciani. Un très beau projet. Nous sommes aussi sur deux autres courts : un à Marseille et le second qui sera tourné entre l'arrière pays de Perpignan et la Côte d'Ivoire.
Et nous allons accompagner notre premier long métrage en Colombie, très prochainement. Ça s'appelle « La Jauria (La meute) ». Nous venons de boucler le financement. C’est un film d’Andres Ramirez Pulido, un réalisateur très talentueux dont les courts précédents lui ont permis d'être identifié en France et à l'international. Il travaille avec des jeunes acteurs non professionnels, issus de la rue en Colombie, mais du côté du rural. Il concentre son regard sur la génération de fils de paysans qui ont été déplacés en masse au cours des conflits armés qui ont marqué l'histoire moderne du pays. À ceux qui sont, pour ainsi dire, au bout de la chaîne de la violence. Le scénario est très puissant.
- Et à l'horizon 2021 ?
- Nous sommes sur plusieurs courts mais surtout, nous allons concentrer nos efforts sur des longs métrages. Deux en Corse et l’autre sur Paris. Le prochain et très excitant film de Thierry de Peretti d'abord, l'adaptation du roman de Jérôme Ferrari À son image qui sera tourné dans toute la Corse. Mais aussi le premier long métrage de Benoit Bouthors qui sera tourné à Corte, toujours dans la trajectoire de ses courts.
Enfin, nous espérons mettre en production le premier long de Naïla Guiguet, dont l'écriture est bien avancée. Ce sera là aussi le portrait d'une jeune femme, toujours dans un Paris de la fête, de la techno, dans une communauté de jeunes parisiens marginaux.
Nous sommes très heureux de ces projets à venir et avons beaucoup de chance de travailler avec les auteurs qui les portent !
Dustin de Naïla Guiguet / France / 2020 / Dimanche 18 octobre à 15h30 / Cinémathèque de Paris à l’occasion de la reprise de la Semaine de la Critique, du 16 au 18 octobre
- Nous sommes très fiers de ce film. C'est un petit bijou. Dustin c'est la fin d'une histoire d'amour entre une jeune femme transgenre et son copain à laquelle on assiste au cours d'une très longue nuit de fête, dans un Paris que l’on connaît peu. Et c'est aussi un film de bande. Naïla [Guiguet, la réalisatrice, NDLR] est diplômée de la Femis en scénario. C’est d'ailleurs sa principale activité jusqu’à aujourd’hui. Elle coécrit beaucoup. Elle a notamment travaillé sur les prochains longs métrages d’Arnaud Desplechin, Catherine Corsini (dont une partie se tourne en Corse), Louis Garrel, Thomas Salvador et Benjamin Crotty. Elle est forte, très forte. Dynamique. Avant d'être scénariste, elle est djette et l'une des fondatrices des soirées Possession. Ce sont des soirées techno LGBTQI+ qui réunissent chaque mois, depuis pas mal de temps, des milliers de jeunes franciliens. Ils viennent célébrer la musique et la vie dans des safe spaces qui se tiennent dans d'immenses hangars désaffectés. Ce sont des soirées assez impressionnantes qui peuvent contenir jusqu'à 5/6000 personnes et qui se déroulent de minuit jusqu'à midi. C'est dans une de celles-ci que nous avons tourné Dustin. Naïla a filmé son univers, ce qu'elle connaît très bien, et ce qui, à notre sens, est trop absent des écrans de cinéma. La bande de comédien.n.e.s du film sont ses amis proches, elle les connait depuis presque quinze ans.
Avant ce prix à Toronto, le film a été « labélisé » Cannes, dans la section parallèle de La Semaine de la Critique. Déjà une marque de reconnaissance ?
- Lou Chicoteau, mon associée, et moi-même sommes tellement heureux. La Semaine de la Critique était l'endroit parfait pour démarrer la carrière du film. C’est la seule section à tenir un accompagnement assidu tout au long de l'année, à porter les films retenus à bout de bras dans divers événement en France et à l'étranger. C'est un plus. Ils accompagnent même au travers du programme « Next Step » les projets de premier long en développement des auteurs retenus avec leur court. Ce label a été une rampe de lancement et maintenant, le film commence à beaucoup tourner. Il vient de remporter le grand prix à Toronto, il est actuellement présenté au San Sebastian film festival puis va poursuivre sa vie en compétition au Curtas Vila do Conde International Film Festival, au Festival Européen du Film Court de Brest, au FIFIB (Festival International du Film Indépendant de Bordeaux). Les parisiens pourront le découvrir à la Cinémathèque française à l’occasion de la reprise de Semaine de la Critique (lire plus bas).
- Maintenant que Dustin est bien lancé, vous avez d’autres projets ? Peut-être en Corse ?
- Oui bien sûr. La Corse reste et restera toujours mon île. J'y ai grandi. C'est elle qui m'a fait. Je suis attentif à tout ce qui s'y passe. Je partage d’ailleurs mon temps entre ici et Paris, métier oblige ! Nous avons effectivement plusieurs projets avec Alta Rocca films. Nous travaillons sur le prochain court de Frédéric Farrucci. Un film de genre, un survival. L'histoire d'un berger de l'Extrême Sud que l'on veut chasser de son exploitation établie sur le littoral. Un film très politique mais dont le récit s'enchâsse dans du genre. Ça va être super. On devait tourner cet été mais avec la période, ça ne calait pas. C’est reporté mais surtout pas abandonné !
Nous avons terminé cet été le film de Benoit Bouthors, dont nous avions produit le précédent court (Diqua dai monti - En deçà des monts), un film qui avait beaucoup tourné sur l'île et sur le continent. Le prochain est une comédie d'été, tournée au bord de la rivière à Corte. Benoît continue son travail d'exploration minutieuse du territoire au travers de sa jeunesse. Il travaille avec la même bande de jeunes qui jouaient dans son précédent film, dont Louis Memmi et Nicolas Luciani. Un très beau projet. Nous sommes aussi sur deux autres courts : un à Marseille et le second qui sera tourné entre l'arrière pays de Perpignan et la Côte d'Ivoire.
Et nous allons accompagner notre premier long métrage en Colombie, très prochainement. Ça s'appelle « La Jauria (La meute) ». Nous venons de boucler le financement. C’est un film d’Andres Ramirez Pulido, un réalisateur très talentueux dont les courts précédents lui ont permis d'être identifié en France et à l'international. Il travaille avec des jeunes acteurs non professionnels, issus de la rue en Colombie, mais du côté du rural. Il concentre son regard sur la génération de fils de paysans qui ont été déplacés en masse au cours des conflits armés qui ont marqué l'histoire moderne du pays. À ceux qui sont, pour ainsi dire, au bout de la chaîne de la violence. Le scénario est très puissant.
- Et à l'horizon 2021 ?
- Nous sommes sur plusieurs courts mais surtout, nous allons concentrer nos efforts sur des longs métrages. Deux en Corse et l’autre sur Paris. Le prochain et très excitant film de Thierry de Peretti d'abord, l'adaptation du roman de Jérôme Ferrari À son image qui sera tourné dans toute la Corse. Mais aussi le premier long métrage de Benoit Bouthors qui sera tourné à Corte, toujours dans la trajectoire de ses courts.
Enfin, nous espérons mettre en production le premier long de Naïla Guiguet, dont l'écriture est bien avancée. Ce sera là aussi le portrait d'une jeune femme, toujours dans un Paris de la fête, de la techno, dans une communauté de jeunes parisiens marginaux.
Nous sommes très heureux de ces projets à venir et avons beaucoup de chance de travailler avec les auteurs qui les portent !
Dustin de Naïla Guiguet / France / 2020 / Dimanche 18 octobre à 15h30 / Cinémathèque de Paris à l’occasion de la reprise de la Semaine de la Critique, du 16 au 18 octobre