- Votre combat a débuté il y a un peu plus d'un an maintenant, bien que toujours en cours, quels enseignements en tirez-vous ?
Lauda et Josepha Guidicelli : Cette démarche nous aura beaucoup appris en particulier sur l’aspect humain. Nous avons découvert une grande solidarité autour de la sacralisation du 5 mai. Nous avons eu énormément de soutiens que ce soit dans les milieux sportif, politique, mais aussi au niveau des médias. De plus, beaucoup de personnes anonymes se sont associées à cette démarche. Nous remercions, une nouvelle fois, toutes ces personnes qui, depuis le commencement de cette démarche, nous aident à faire du 5 mai un jour sans football et un jour de souvenir. Cependant, nous avons pu découvrir aussi l’aspect négatif de l’humain, c’est-à-dire, l’hypocrisie, les non dits et la stupidité. Nous sommes rendu compte à quel point l’aspect financier pouvait primer au détriment de la sacralisation. Notre démarche est une démarche humaine et légitime. Quoiqu’il en soit, notre but est la sacralisation et la volonté de « commémorer » ce drame et nous ferons tout pour aller jusqu’au bout. Nous ne laisserons jamais tomber."
- Le comité de pilotage de la Fédération Française de Football qui devait rendre ses conclusions a repoussé la réunion au 21 novembre. Vous a-t-on donné une raison particulière à ce report ?
- Le président du Comité de pilotage Jacques Vendroux nous a prévenues une dizaine de jours avant de la date du 4 septembre. Nous étions dans l’impossibilité matérielle (plus de places dans les avions) de nous rendre à Paris. Le président n’a pas eu d’autres choix que de décaler la date. Le 21 novembre aura lieu la dernière réunion du Comité de pilotage. La synthèse sera ensuite soumise au Comité exécutif de la FFF. Quoiqu’il en soit, nous restons sur nos positions.
- En début de semaine Sauveur Gandolfi-Scheit a soumis une proposition de loi sur la sacralisation du 5 mai : cela doit vous pousser à continuer vos efforts ?
- Cette proposition de loi a été réalisée en collaboration avec les familles de victimes. Nous continuerons notre démarche jusqu’à ce qu’elle aboutisse. C’est une démarche légitime. Un devoir de mémoire est indispensable. Nous sommes heureuses que de nombreuses personnes se mobilisent et tiennent leurs engagements. Lors de notre rencontre avec David Douillet (à l’époque ministre des Sports), le député Sauveur Gandolfi-Scheit s’était engagé à préparer une proposition de projet de loi si la décision de sacralisation définitive n’était pas actée par les instances du football. Nous soutenons son initiative d’autant plus que ce travail a été réalisé avec les familles de victimes.
Nous espérons que ce projet recueille bon nombre de signatures de la part des députés tous bords confondus car il s’agit d’un projet apolitique tout comme la démarche que nous portons."
- Pensez-vous que cette prise de position politique à l'Assemblée Nationale peut obliger le comité de pilotage à revoir sa position ?
- La proposition que seuls les clubs insulaires ne joueraient pas le 5 mais vient de la Ligue professionnelle de Football. La LFP fait de la catastrophe de Furiani une affaire « corso-corse », à croire que malgré les explications que nous avons pu leur donner, le soutien de plus de 40 000 personnes, clubs de foot, politiques, celle-ci ne veut rien entendre. Le fait d’avoir dû lâcher pour le 5 mai 2012 semble avoir affecté son égo au point qu’elle ne veuille pas sacraliser de manière nationale. Il est dommage que le politique s’immisce dans le sportif mais hélas, les instances du football sont incapables de prendre la meilleure solution et de redorer leur blason terni par le « foot business ». La Ligue de football frofessionnel ne connait pas l’histoire de son sport car elle ne veut prendre en compte la catastrophe de Furiani en tant que plus grande tragédie qu’ait connu le football français et le sport en général."
- Lors de ses deux dernières visites à Bastia, Noël Le Graët vous a témoigné son soutien, mais d'un autre côté, il ne s'est pas positionné fermement sur la sacralisation du 5 mai, comment interprétez-vous cela ?
- C’est assez complexe. En effet Noël Le Graët a mis en place la création d’un comité de pilotage mais à coté de cela il ne semble pas vouloir sacraliser le 5 mai. Nous espérons que la FFF se rendra compte que la bonne décision est celle qui émane des victimes ainsi que des familles de victimes. Non seulement la volonté de sacraliser le 5 mai avait été souhaité par le président de la République François Mitterrand ainsi que celui de la FFF Jean Fournet-Fayard en 1992. Cette volonté est partagée également par l’actuel président de la République François Hollande, la ministre des Sports Valérie Fourneyron mais aussi par l’ancien président Nicolas Sarkozy ainsi que ses deux ministres des Sports successifs Chantal Jouanno et David Douillet."
- Vous avez participé avec vos collègues du collectif des victimes à plusieurs réunions à Paris avec le comité de pilotage de la FFF, quel bilan tirez-vous de ses réunions, estimez-vous avoir été écoutés ?
- Nous avons eu le sentiment au départ d’avoir été écoutés. Mais au fil des réunions nous nous sommes rendu compte que les instances du football ne comprennent pas notre démarche. Elles s’obstinent à nous dire que le 5 mai doit être une journée où l’on joue au football et se "foutent "du sentiment de toutes les victimes, de leur famille et des milliers de signataires. La Ligue se borne à nous faire des propositions scandaleuses et dépourvues de toute rationalité. Lors de la dernière réunion, sa proposition a été de dire que seuls les clubs corses ne jouent pas un 5 mai. La catastrophe de Furiani n’est pas un drame corso-corse ! Mais la LFP ne nous entend pas."
- Comme vous le faites depuis la saison dernière, votre collectif rencontre les dirigeants des clubs qui se rendent à Furiani pour affronter le Sporting, comment se passent généralement ses rencontres ? On se souvient que le 22 septembre, Léonardo le directeur sportif du PSG avait été sensible à la démarche sans pour autant signer la pétition..
- La plupart des clubs de football professionnels soutiennent la démarche de sacralisation du 5 mai et signent la pétition. Ils nous rencontrent volontiers et ne n’arrivent pas à comprendre pourquoi les instances du football français, et en particulier à la LFP bloquent cette demande de sacralisation. Concernant le staff du PSG, celui-ci a une attitude assez ambigüe mais que nous sentons hypocrite. Le club refuse nos rendez-vous prétextant que leur président n’est jamais présent lorsque nous lui proposons de nous déplacer. Lors de la rencontre OM-PSG du 7 octobre 2012, nous avons proposé de les rencontrer à Marseille mais M. Al-Khelaifi ne pouvait pas nous recevoir car il devait rester avec les joueurs. Nous avons le sentiment d’être face à des personnes n’assumant pas leur position et qui plus est ne daignant même pas nous rencontrer. Quoiqu’il en soit, nous continuerons à solliciter des rencontres avec les clubs qui viendront à Bastia afin de remercier ceux qui nous ont déjà soutenus mais aussi d’expliquer notre démarche à tous les autres (clubs que nous n’avions pas réussi à contacter comme par exemple Bordeaux)."
- Malgré que la couverture médiatique s'essouffle quelque peu, la mobilisation ne faiblit pas, où en est-on de la pétition mise en ligne sur internet il y a un an ?
- Nous savions bien que la couverture médiatique s’essoufflerait à un moment donné. Mais nous continuons à interpeler les sportifs, les politiques pour faire avancer les choses. Heureusement, nous avons un groupe de journalistes qui relaient assez souvent les nouvelles informations concernant la démarche et pour cela nous les en remercions. De plus, avec les réseaux sociaux, nous faisons en sorte de faire passer les messages. Ces derniers sont repris par de nombreuses personnes La pétition a récolté à ce jour plus de 40 440 signatures. Elle restera en ligne tant que la démarche n’aboutira pas."
* Le colectif des victimes du drame de Furiani composé de Lauda et Josepha Guidicelli ainsi que Didier Grassi, fait le point sur les dernières informations :
"Nous soutenons et nous nous associons à toutes les initiatives qui vont dans le sens de nos demandes et surtout celles qui consistent à étendre la décision qui a été prise pour le 5 mai 2012 à tous les 5 mai à venir (à savoir plus de rencontres de foot de compétitions nationales organisées, ce jour-là). Aujourd'hui et dans l'attente de la prochaine réunion du comité de suivi (le 21/11 prochain), mis en place par la FFF au printemps dernier, les instances du football et notamment la LFP rechignent toujours et malgré tous les soutiens obtenus à reconnaitre l'évidence qu'il ne peut y avoir de fête autour du football un 5 mai et donc de matchs organisés.
Pour votre information, les représentants des victimes continuent à recevoir des soutiens (pour rappel la pétition mise en ligne à reçus plus de 40000 signatures) avec, par exemple, ce samedi une rencontre avec les dirigeants de l'ESTAC Troyes solidaires de la démarche (après ceux de l'OM, de l'ASSE, de VA, de l'OL, de Montpellier, de l'AJA, de l'ACA, du GFCOA, du SCB...). A ce jour, seul le président du Paris Saint Germain (président de BEIN Sport) n'a pas donné suite à nos différentes demandes d'entretien. Les présidents de chaines détentrices des droits TV du foot en France ont également été sollicités, l'argumentation négative de la LFP s'appuyant notamment sur des difficultés de calendriers et de gestion de contrats de droits télé."
Lauda et Josepha Guidicelli : Cette démarche nous aura beaucoup appris en particulier sur l’aspect humain. Nous avons découvert une grande solidarité autour de la sacralisation du 5 mai. Nous avons eu énormément de soutiens que ce soit dans les milieux sportif, politique, mais aussi au niveau des médias. De plus, beaucoup de personnes anonymes se sont associées à cette démarche. Nous remercions, une nouvelle fois, toutes ces personnes qui, depuis le commencement de cette démarche, nous aident à faire du 5 mai un jour sans football et un jour de souvenir. Cependant, nous avons pu découvrir aussi l’aspect négatif de l’humain, c’est-à-dire, l’hypocrisie, les non dits et la stupidité. Nous sommes rendu compte à quel point l’aspect financier pouvait primer au détriment de la sacralisation. Notre démarche est une démarche humaine et légitime. Quoiqu’il en soit, notre but est la sacralisation et la volonté de « commémorer » ce drame et nous ferons tout pour aller jusqu’au bout. Nous ne laisserons jamais tomber."
- Le comité de pilotage de la Fédération Française de Football qui devait rendre ses conclusions a repoussé la réunion au 21 novembre. Vous a-t-on donné une raison particulière à ce report ?
- Le président du Comité de pilotage Jacques Vendroux nous a prévenues une dizaine de jours avant de la date du 4 septembre. Nous étions dans l’impossibilité matérielle (plus de places dans les avions) de nous rendre à Paris. Le président n’a pas eu d’autres choix que de décaler la date. Le 21 novembre aura lieu la dernière réunion du Comité de pilotage. La synthèse sera ensuite soumise au Comité exécutif de la FFF. Quoiqu’il en soit, nous restons sur nos positions.
- En début de semaine Sauveur Gandolfi-Scheit a soumis une proposition de loi sur la sacralisation du 5 mai : cela doit vous pousser à continuer vos efforts ?
- Cette proposition de loi a été réalisée en collaboration avec les familles de victimes. Nous continuerons notre démarche jusqu’à ce qu’elle aboutisse. C’est une démarche légitime. Un devoir de mémoire est indispensable. Nous sommes heureuses que de nombreuses personnes se mobilisent et tiennent leurs engagements. Lors de notre rencontre avec David Douillet (à l’époque ministre des Sports), le député Sauveur Gandolfi-Scheit s’était engagé à préparer une proposition de projet de loi si la décision de sacralisation définitive n’était pas actée par les instances du football. Nous soutenons son initiative d’autant plus que ce travail a été réalisé avec les familles de victimes.
Nous espérons que ce projet recueille bon nombre de signatures de la part des députés tous bords confondus car il s’agit d’un projet apolitique tout comme la démarche que nous portons."
- Pensez-vous que cette prise de position politique à l'Assemblée Nationale peut obliger le comité de pilotage à revoir sa position ?
- La proposition que seuls les clubs insulaires ne joueraient pas le 5 mais vient de la Ligue professionnelle de Football. La LFP fait de la catastrophe de Furiani une affaire « corso-corse », à croire que malgré les explications que nous avons pu leur donner, le soutien de plus de 40 000 personnes, clubs de foot, politiques, celle-ci ne veut rien entendre. Le fait d’avoir dû lâcher pour le 5 mai 2012 semble avoir affecté son égo au point qu’elle ne veuille pas sacraliser de manière nationale. Il est dommage que le politique s’immisce dans le sportif mais hélas, les instances du football sont incapables de prendre la meilleure solution et de redorer leur blason terni par le « foot business ». La Ligue de football frofessionnel ne connait pas l’histoire de son sport car elle ne veut prendre en compte la catastrophe de Furiani en tant que plus grande tragédie qu’ait connu le football français et le sport en général."
- Lors de ses deux dernières visites à Bastia, Noël Le Graët vous a témoigné son soutien, mais d'un autre côté, il ne s'est pas positionné fermement sur la sacralisation du 5 mai, comment interprétez-vous cela ?
- C’est assez complexe. En effet Noël Le Graët a mis en place la création d’un comité de pilotage mais à coté de cela il ne semble pas vouloir sacraliser le 5 mai. Nous espérons que la FFF se rendra compte que la bonne décision est celle qui émane des victimes ainsi que des familles de victimes. Non seulement la volonté de sacraliser le 5 mai avait été souhaité par le président de la République François Mitterrand ainsi que celui de la FFF Jean Fournet-Fayard en 1992. Cette volonté est partagée également par l’actuel président de la République François Hollande, la ministre des Sports Valérie Fourneyron mais aussi par l’ancien président Nicolas Sarkozy ainsi que ses deux ministres des Sports successifs Chantal Jouanno et David Douillet."
- Vous avez participé avec vos collègues du collectif des victimes à plusieurs réunions à Paris avec le comité de pilotage de la FFF, quel bilan tirez-vous de ses réunions, estimez-vous avoir été écoutés ?
- Nous avons eu le sentiment au départ d’avoir été écoutés. Mais au fil des réunions nous nous sommes rendu compte que les instances du football ne comprennent pas notre démarche. Elles s’obstinent à nous dire que le 5 mai doit être une journée où l’on joue au football et se "foutent "du sentiment de toutes les victimes, de leur famille et des milliers de signataires. La Ligue se borne à nous faire des propositions scandaleuses et dépourvues de toute rationalité. Lors de la dernière réunion, sa proposition a été de dire que seuls les clubs corses ne jouent pas un 5 mai. La catastrophe de Furiani n’est pas un drame corso-corse ! Mais la LFP ne nous entend pas."
- Comme vous le faites depuis la saison dernière, votre collectif rencontre les dirigeants des clubs qui se rendent à Furiani pour affronter le Sporting, comment se passent généralement ses rencontres ? On se souvient que le 22 septembre, Léonardo le directeur sportif du PSG avait été sensible à la démarche sans pour autant signer la pétition..
- La plupart des clubs de football professionnels soutiennent la démarche de sacralisation du 5 mai et signent la pétition. Ils nous rencontrent volontiers et ne n’arrivent pas à comprendre pourquoi les instances du football français, et en particulier à la LFP bloquent cette demande de sacralisation. Concernant le staff du PSG, celui-ci a une attitude assez ambigüe mais que nous sentons hypocrite. Le club refuse nos rendez-vous prétextant que leur président n’est jamais présent lorsque nous lui proposons de nous déplacer. Lors de la rencontre OM-PSG du 7 octobre 2012, nous avons proposé de les rencontrer à Marseille mais M. Al-Khelaifi ne pouvait pas nous recevoir car il devait rester avec les joueurs. Nous avons le sentiment d’être face à des personnes n’assumant pas leur position et qui plus est ne daignant même pas nous rencontrer. Quoiqu’il en soit, nous continuerons à solliciter des rencontres avec les clubs qui viendront à Bastia afin de remercier ceux qui nous ont déjà soutenus mais aussi d’expliquer notre démarche à tous les autres (clubs que nous n’avions pas réussi à contacter comme par exemple Bordeaux)."
- Malgré que la couverture médiatique s'essouffle quelque peu, la mobilisation ne faiblit pas, où en est-on de la pétition mise en ligne sur internet il y a un an ?
- Nous savions bien que la couverture médiatique s’essoufflerait à un moment donné. Mais nous continuons à interpeler les sportifs, les politiques pour faire avancer les choses. Heureusement, nous avons un groupe de journalistes qui relaient assez souvent les nouvelles informations concernant la démarche et pour cela nous les en remercions. De plus, avec les réseaux sociaux, nous faisons en sorte de faire passer les messages. Ces derniers sont repris par de nombreuses personnes La pétition a récolté à ce jour plus de 40 440 signatures. Elle restera en ligne tant que la démarche n’aboutira pas."
* Le colectif des victimes du drame de Furiani composé de Lauda et Josepha Guidicelli ainsi que Didier Grassi, fait le point sur les dernières informations :
"Nous soutenons et nous nous associons à toutes les initiatives qui vont dans le sens de nos demandes et surtout celles qui consistent à étendre la décision qui a été prise pour le 5 mai 2012 à tous les 5 mai à venir (à savoir plus de rencontres de foot de compétitions nationales organisées, ce jour-là). Aujourd'hui et dans l'attente de la prochaine réunion du comité de suivi (le 21/11 prochain), mis en place par la FFF au printemps dernier, les instances du football et notamment la LFP rechignent toujours et malgré tous les soutiens obtenus à reconnaitre l'évidence qu'il ne peut y avoir de fête autour du football un 5 mai et donc de matchs organisés.
Pour votre information, les représentants des victimes continuent à recevoir des soutiens (pour rappel la pétition mise en ligne à reçus plus de 40000 signatures) avec, par exemple, ce samedi une rencontre avec les dirigeants de l'ESTAC Troyes solidaires de la démarche (après ceux de l'OM, de l'ASSE, de VA, de l'OL, de Montpellier, de l'AJA, de l'ACA, du GFCOA, du SCB...). A ce jour, seul le président du Paris Saint Germain (président de BEIN Sport) n'a pas donné suite à nos différentes demandes d'entretien. Les présidents de chaines détentrices des droits TV du foot en France ont également été sollicités, l'argumentation négative de la LFP s'appuyant notamment sur des difficultés de calendriers et de gestion de contrats de droits télé."